Crise sanitaire : un travail plus intense pour les agents mais aussi plus utile

Philippe Pottiée-Sperry
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Covid-19 : un travail plus intense pour les agents mais aussi plus utile

Durant la période du Covid-19, la moitié des agents publics estiment que leur travail s’est intensifié et s’est accompagné de plus d’exigences émotionnelles, selon une étude de la DGAFP. Ils déclarent aussi souvent une amélioration du sens accordé à leur travail (utilité et fierté).

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Retour sur la crise sanitaire. Une enquête de la DGAFP (direction générale de l'administration et de la fonction publique), réalisée au premier trimestre 2021 et publiée fin mai, dresse un premier état des lieux des conséquences de cette période si particulière sur les conditions de travail des agents publics, un an après le début de la pandémie. Une enquête significative sachant que pas moins de 15 000 agents ont été interrogés. 

Un travail plus intense
Si le travail est plus intense qu’avant la crise sanitaire pour un agent sur deux, sa durée n’a pas augmenté dans les mêmes proportions : seuls 19% indiquent travailler plus longtemps. Les contraintes horaires sont ici considérées comme une dimension supplémentaire dans l’analyse des risques psychosociaux, même si dans certains cas, les effets du temps de travail peuvent ne pas faire intervenir de risques psychiques.
La crise sanitaire a également eu un impact négatif dans d’autres domaines comme la plus difficile conciliation entre la vie professionnelle et la vie personnelle : un agent sur quatre déclare que sa situation s’est dégradée. La proportion est identique pour les personnes déclarant être plus souvent en horaires décalés qu’avant la crise sanitaire

Dégradation des conditions de travail
Globalement, les agents publics déclarent plus souvent une dégradation de leurs conditions de travail que les salariés du privé. Par exemple, l’intensité du travail s’est dégradée pour 49% d’entre eux contre « seulement » 32% dans le privé. Explications : la continuité de service pour un certain nombre d’agents (notamment dans les collectivités), le travail sous pression des personnels des hôpitaux et les évolutions des modes d’enseignement. 
L’écart entre le ressenti des salariés du secteur public et du secteur privé est également important pour l’indicateur sur les exigences émotionnelles. En effet, 52% des agents se sentent plus affectés qu’avant la crise sanitaire contre 44 % des salariés du privé. Cet indicateur regroupe deux phénomènes : les tensions avec le public et les situations de vulnérabilité. Les agents se sentent pour 29% d’entre eux davantage bouleversés, secoués, émus qu’avant (9 points de plus que dans le privé).

Plus d’autonomie
Parmi les points positifs, les agents sont trois fois plus nombreux à déclarer une amélioration en termes d’autonomie qu’une dégradation. La crise a donné davantage de sens au travail effectué (utilité sociale ou fierté du travail bien fait). L’indicateur mesurant le « sens du travail » est l’indicateur où l’amélioration est la plus forte dans la fonction publique par rapport à la situation d’avant crise sanitaire (31%, soit 7 points de plus que dans le privé). 
Concernant l’autonomie et les marges de manœuvre (possibilité pour l’agent de s’organiser par lui-même et prise d’initiatives), la part des agents déclarant une amélioration est trois fois plus grande que celle déclarant des dégradations (30% contre 10%). Là aussi, cette amélioration est plus sensible que dans le privé (+ 4 points). Enfin, pour la coopération et le soutien social, les agents qui déclarent une amélioration sont un peu plus nombreux (un agent sur sept) que ceux ayant perçu l’inverse (un agent sur huit).

Amélioration du sens du travail
Les agents de la FPH sont souvent cités comme ceux ayant été les plus impactés par la crise sanitaire. Ils sont nombreux à déclarer une dégradation de leurs conditions de travail, mais pourtant dans une moindre proportion que les enseignants. En revanche, les agents de la FPH se démarquent par le sentiment d’une nette amélioration du sens du travail, qui regroupe l’utilité du travail et la fierté du travail bien fait. 
Si 30% des agents publics se sentent encore plus utiles dans leur travail (10 points de plus que dans le privé), ce taux atteint 42% au sein de la FPH contre 28% au sein de la FPT et pour les enseignants, et 24% au sein de la FPE. Les évolutions sont similaires au sein du secteur hospitalier et du secteur médico-social.

Philippe Pottiée-Sperry
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