Un tiers de la production agricole va disparaître d’ici à 2050

Danièle Licata
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Le secteur pourrait perdre 35 à 40 % de sa valeur ajoutée dans les décennies à venir

Avec le changement climatique, les mutations économiques et défis démographiques, un tiers du PIB agricole pourrait disparaître d’ici 2050 si aucune stratégie d’adaptation n’est engagée. Une étude prospective du "Bureau T", cellule de conseil en stratégie et prospective du Groupe SCET, filiale à 100 % de la Caisse des Dépôt, dresse un état des lieux inquiétant et propose des scénarios pour transformer le modèle agricole.

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L’agriculture française est à la croisée des chemins. Selon l’étude prospective « Prospective 2050 : entre crises et transformations, quel avenir pour l’agriculture française ? », menée par le Bureau T du Groupe SCET, le secteur pourrait perdre 35 à 40 % de sa valeur ajoutée dans les décennies à venir. Le dérèglement climatique, la volatilité des marchés et la transition des exploitations menacent la souveraineté alimentaire du pays.

Un constat alarmant : des filières agricoles sous pression

L’étude met en lumière 54 départements particulièrement vulnérables, soit 42 % de la surface agricole utile exposée à de profondes transformations. L’impact du réchauffement climatique est majeur : il explique 50 % des pertes de PIB agricole, notamment en raison des baisses de rendements, des sécheresses et du déplacement des cultures. L’arboriculture, le maïs et le maraîchage figurent parmi les filières les plus menacées.
Outre les bouleversements environnementaux, l’étude souligne une crise démographique agricole préoccupante : 50 % des exploitations devront trouver un repreneur d’ici dix ans. Or, les difficultés de transmission, combinées à l’incertitude économique et à la hausse des coûts de production, accélèrent la déprise agricole.

Deux scénarios opposés pour repenser l’agriculture

Face à ces défis, les auteurs proposent deux trajectoires contrastées : un modèle de marché tourné vers la compétitivité et l’export qui favorise une agriculture polarisée entre production de masse à bas coût et filières de luxe hautement valorisées, au détriment des exploitations familiales et d’un ancrage territorial fort. Autre scénario :  un modèle de planification écologique et territoriale qui privilégie une agriculture recentrée sur la souveraineté alimentaire et la résilience locale, avec un soutien accru des pouvoirs publics pour structurer des circuits de production, transformation et distribution de proximité.

Un tournant stratégique à engager dès aujourd’hui

Les auteurs appellent à une mobilisation de tous les acteurs, exploitants, coopératives, entreprises agroalimentaires, collectivités et pouvoirs publics, pour engager une transformation ambitieuse du modèle agricole. L’objectif ? Réinventer une agriculture durable, compétitive et résiliente face aux crises à venir.
Et selon les auteurs « le choix du futur agricole français ne pourra pas être différé. Entre compétitivité mondiale et résilience locale, la direction prise dans les prochaines années sera déterminante pour l’avenir alimentaire, économique et environnemental du pays ».
 

Danièle Licata
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