La Cour des comptes inquiète pour les collectivités de montagne

Danièle Licata
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En 2050, toutes les stations seront touchées par le changement climatique selon la Cour des comptes

« Le changement climatique induit une détérioration de la situation financière des exploitants de remontées mécaniques puis des collectivités territoriales concernées […] qui peut conduire à remettre en cause le modèle économique des stations de sports d’hiver », alertent les magistrats dans un rapport publié le 6 février dernier. Les Sages de la rue de Cambon déplorent par ailleurs que les politiques d’adaptation, qui reposent essentiellement sur la production de neige, « restent en deçà des enjeux ». 

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C’est que l’enjeu économique est de taille. Avec 53,9 millions de journées-skieur, la France est la deuxième destination mondiale pour le tourisme hivernal. Et les 150.000 lits d'hébergement touristiques créés dans les années 1960 et 1970 en même temps que sortaient de terre des stations de sports d'hiver dans le cadre des plans neige lancés par l'État représentent 22,4% des nuitées touristiques en France. Sans compter le poids économique des remontées mécaniques, dont les communes assurent l'exploitation ou la délégation, qui s’élève à 1,6 milliard d'euros de chiffre d'affaires annuel.

Canons à neige fausse solution


Or si « la production de neige permet de fiabiliser l'enneigement à court terme […] elle ne constitue qu'une protection relative et transitoire ». De plus, la rue de Cambon pointe du doigt le coût « important » de cette production, son impact « sous-estimé » sur les ressources en eau dans de nombreux territoires et son efficacité qui « tend à se réduire avec la hausse des températures ». Quant aux actions de diversification, elles ne sont que « rarement adossées à un véritable projet » et « tendent souvent à reproduire le modèle du ski, fondé sur des investissements importants et une forte fréquentation ».

L’union fait la force

La Cour recommande de mettre en place de « véritables » plans d’adaptation au changement climatique et de conditionner les financements publics à leur contenu. Elle préconise également de « remédier à une gouvernance centrée sur l’échelon communal en instituant une organisation fédérant l’ensemble des acteurs concernés (collectivités, acteurs économiques, société civile) ». Enfin, le rapport invite à « établir une solidarité financière entre collectivités, à travers la création d’un fonds d’adaptation au changement climatique destiné à financer les actions de diversification, qui serait alimenté par la taxe locale sur les remontées mécaniques ».
 

Danièle Licata
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