Déficit budgétaire : l’État presse les collectivités, les petites villes de demain en première ligne

Danièle Licata
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Les communes PVD affichent des ratios de solvabilité annuels moins favorables que leurs homologues non-PVD

Face à un déficit budgétaire qui se creuse, l’État sollicite un effort financier accru des collectivités locales. Un appel qui inquiète particulièrement les communes engagées dans le programme « Petites villes de demain », comme le souligne le dernier baromètre de leur santé financière, publié en novembre 2024.

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Alors que la France cherche à réduire son déficit budgétaire dans un contexte économique tendu, les collectivités locales sont invitées à contribuer davantage au redressement des finances publiques. Cette demande intervient dans un moment de fragilité financière pour de nombreuses communes. C’est ce qui ressort du dernier baromètre de la santé financière des petites villes de demain (PVD), réalisé par l’Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT), l’Agence France Locale (AFL) et l’Association des petites villes de France (APVF).

Un rôle central, mais des moyens contraints

Les 1 600 communes inscrites au programme PVD, qui exercent des fonctions de centralité sur leurs territoires, se distinguent par leur engagement à revitaliser leurs bassins de vie. En 2023, elles ont investi en moyenne 449 € par habitant, soit 18 % de plus que les communes non-PVD de taille équivalente (382 €/hab.). Cet effort témoigne de leur volonté de répondre aux besoins de leurs administrés, tout en participant à la transition écologique et à l’adaptation des infrastructures. Cependant, cet investissement repose largement sur l’endettement et la mobilisation des trésoreries locales, des leviers qui montrent leurs limites.

Inflation et énergie : des défis colossaux

Le rapport met également en lumière l’impact de l’inflation et de la hausse des coûts énergétiques. En 2023, les dépenses d’énergie ont bondi de 37 % pour certaines petites communes, affectant particulièrement celles de centralité locale, souvent moins dotées en ressources. Ces charges supplémentaires s’ajoutent aux contraintes budgétaires déjà existantes, forçant les élus à revoir à la baisse certains projets. À Ligny-en-Barrois (Meuse), par exemple, le nombre de places dans les tribunes du nouveau stade a dû être réduit pour contenir les coûts.

La pression de l’État sur les collectivités

Dans ce contexte difficile, la demande de l’État de contribuer au redressement des comptes publics accentue les inquiétudes. Les dotations de soutien à l’investissement, essentielles pour ces petites villes, sont annoncées en baisse, menaçant leur capacité à maintenir le niveau d’effort engagé. Le baromètre souligne que malgré leur dynamisme, les communes PVD affichent des ratios de solvabilité annuels moins favorables que leurs homologues non-PVD (2,14 contre 2,50 en 2023), révélant leur vulnérabilité face à des marges financières déjà limitées.

Un appel à la prévisibilité et au soutien

Christophe Bouillon, président de l’APVF, alerte sur la nécessité d’une meilleure prévisibilité des financements. "Les collectivités locales ne peuvent pas porter seules la charge de la relance budgétaire nationale sans garanties sur leurs ressources. La priorisation des petites communes doit être une priorité pour réussir à concrétiser leurs projets." Les élus locaux plaident également pour des mécanismes de soutien ciblés afin de préserver les services publics tout en poursuivant leurs efforts en matière de transition écologique.

Un avenir sous contrainte

Alors que les communes PVD se rapprochent de la fin de leur mandat en 2026, elles doivent jongler entre ambitions locales et contraintes nationales. La réussite des projets engagés repose désormais sur une coordination renforcée entre les acteurs locaux et l’État, mais aussi sur des arbitrages budgétaires souvent douloureux. L’équilibre à trouver reste fragile, et le baromètre le rappelle : "Sans soutien supplémentaire, les capacités d’investissement de ces petites villes pourraient rapidement s’éroder, menaçant leur rôle crucial dans la revitalisation des territoires."
 

Danièle Licata
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