Marseille en Grand : Un bilan en demi-teinte de la Cour des comptes
Alors que les ministres de l'Intérieur et de la Justice viennent de présenter à Marseille un nouveau plan de lutte contre le narcotrafic, fléau grandissant dont la cité phocéenne demeure un triste exemple avec 43 personnes tuées en 2023, quid du plan « Marseille en Grand » annoncé le 2 septembre 2021 par le président Emmanuel Macron qui visait à répondre aux multiples défis de la métropole marseillaise ?
Doté de 5 milliards d’euros, il promettait des avancées dans l’éducation, la sécurité, le logement et les transports. Cependant, selon la Cour des comptes, le bilan 2024 que qui vient d'être publier, souligne des résultats mitigés et une mise en œuvre en décalage avec les ambitions initiales.
Manque de cohérence et gouvernance floue
La Cour des comptes pointe un « défaut de cohérence d’ensemble » et une « formalisation insuffisante » du plan. L’initiative reposait uniquement sur le discours présidentiel de 2021, sans document de suivi ou cadre d’exécution précis. Cette absence de structuration a engendré des tensions entre l’État, la ville de Marseille et la métropole Aix-Marseille-Provence. En conséquence, fin 2023, seulement 1,31 % des 5 milliards promis avaient été débloqués.
Des avancées sécuritaires en demi-teinte
Malgré un renforcement des effectifs de police – passés de 3 953 agents en 2020 à 4 064 en 2023 – la situation demeure tendue. Le « climat social éruptif » au sein des forces de l’ordre, marqué par des mouvements sociaux, et les problèmes de délinquance persistante révèlent l’écart entre les moyens alloués et les besoins réels.
Recommandations pour un redressement
La Cour préconise une gouvernance plus efficace, avec des instances de décision claires et des systèmes de suivi rigoureux. L’établissement d’échéances et de rapports d’étape réguliers permettrait de synchroniser les actions et d’assurer une transparence accrue. Sans ces ajustements, les ambitions du plan risquent de rester lettre morte.
Des défis persistants à affronter
Avec un taux de pauvreté de 26 %, un tiers de ses quartiers prioritaires et plus de 13 % de logements insalubres, Marseille fait face à des défis majeurs. Pour inverser la tendance, une mobilisation réelle et coordonnée est essentielle, afin de transformer les promesses en actions concrètes.