Communes d'Ile-de-France : perte de recettes et hausse des dépenses en 2021 et 2022
« L’impact de la crise sanitaire pèse déjà lourdement sur les capacités d’investissement à venir des communes ». C’est l’une des inquiétudes qui ressort de l’enquête menée par l’AMIF (1) (Association des maires d’Ile-de-France), avec La Banque Postale et les cabinets Partenaires Finances Locales et CBG Territoires, sur les conséquences financières de la crise pour les communes d’Ile-de-France.
Elle relève qu’une compensation efficace de l’Etat des dépenses engendrées par la crise sanitaire nécessite une identification claire des dépenses dans les documents comptables des collectivités. Ainsi, 80,2% ont suivi les dépenses liées au Covid-19 via une fonction spécifique de la comptabilité M14. « Les communes ont trouvé un moyen pragmatique afin d’identifier l’ensemble des dépenses liées à cette crise, et ce, malgré une absence de réglementation sur le sujet », souligne Stéphane Beaudet, le président de l’AMIF.
Inquiétudes sur les capacités d’investissement à venir
Au-delà, il ressort de l’enquête que toutes les communes ont subi des pertes de recettes de fonctionnement. Elles s’inquiètent des exercices budgétaires futurs et notamment de leurs capacités d’investissement à venir. « A l’heure où certaines dépenses font l’objet de compensation par l’Etat et où les discussions sur les conséquences financières pour les collectivités locales émergent, l’AMIF a estimé important de faire remonter largement tous les types de dépenses pour révéler leurs montants à l’échelle de l’Ile-de-France, région la plus touchée par l’épidémie. L’analyse dessine une première tendance qui sera réactualisée d’ici la fin de l’année et en 2021 lorsque davantage de données seront disponibles, notamment s’agissant du coût du déconfinement pour les communes », précise Stéphane Beaudet.
Achat général de masques et de gel
Autre enseignement de l'étude : pas moins de 97% des villes interrogées ont acheté des masques, 93,8% du gel hydroalcoolique et 79% d’autres équipements de protection. 86% ont mis des masques à la disposition de leurs habitants, et 84% ont eu recours à l’ASA (autorisation spéciale d’absence). 50% des communes ont privilégié l’achat de masques via un groupement de commandes afin de réduire les coûts, mais seulement 20% ont choisi ce dispositif pour l’achat de gel. Quant à la distribution des masques, si 21% des communes ont eu recours à des heures supplémentaires pour les agents communaux, 81% ont mobilisé leurs conseillers municipaux. Afin d’assurer la continuité des services publics dans le cadre très contraint de l’état d’urgence sanitaire, 88% des communes interrogées ont dû réaliser des dépenses d’aménagement pour un coût moyen de 6600 €.
« Au total, ce sont près de 1,6 M€ qui ont été dépensés par les communes ayant répondu à l’enquête, ce qui nous donne une extrapolation d’environ 5,5 M€ à l’échelle de l’Ile-de-France », estime l’AMIF. Un chiffre qui pourrait encore grimper si les prochaines phases du déconfinement imposent les mêmes règles sanitaires, augmentant ainsi la charge pour les communes qui devront réaliser de nouveaux aménagements.
Également interrogées sur le coût de la mise en place de l’activité 2S2C (Sport Santé Culture Civisme), 80% des communes ont déclaré ne pas vouloir la mettre en place d’ici la fin juin.
P.P.-S.
(1) Enquête réalisée du 20 mai au 4 juin 2020. Le questionnaire était composé de 57 questions fermées ou ouvertes. 161 communes ont répondu (13% des communes d’Ile-de-France), soit un échantillon représentatif.