Covid-19 : la crise amplifie encore l’exclusion numérique

Philippe Pottiée-Sperry
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La crise sanitaire a souligné une fois encore la fracture numérique importante dans le pays. Le Sénat vient ainsi de mettre en place une mission d’information sur le thème « La lutte contre l’illectronisme et pour l’inclusion numérique ».

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Présidée par Jean-Marie Mizzon (UC - Moselle) et ayant pour rapporteur Raymond Vall (RDSE - Gers), elle compte 23 membres. Installée le 13 mai, cette mission estime que la crise sanitaire a « encore amplifié le sentiment d’injustice face à l’exclusion numérique ». Jean-Marie Mizzon évoque « un État qui se dématérialise à grande vitesse et une formation aux usages numériques à petite vitesse ».

La mission doit organiser quatre tables rondes en visioconférence : avec les acteurs du numérique, les plateformes et les établissements publics qui développent des programmes d'aide aux usages du numérique ; avec les associations qui développent des programmes d'aide aux usages du numérique ; avec des think tanks et des chercheurs ; avec des start ups qui proposent de faciliter les usages, l'éducation, la formation au numérique. Le Sénat organisera par ailleurs, le 27 mai, un débat consacré au thème : "La crise du Covid 19 : révélateur de la dimension cruciale du numérique dans notre société : quels enseignements et quelles actions ?"

Besoin de portage politique

La mission a organisé, le 18 mai, l’audition de Christian Janin, président de l’Agence nationale de lutte contre l'illettrisme (ANLCI), et Hervé Fernandez, son directeur. Constat : avec des moyens trop modestes, 12 salariés et un budget de 1 M€, l’Agence est confrontée à des défis de grande ampleur. « Si son action a permis une définition consensuelle de l’illectronisme, ce dernier ne recoupe pas l’illettrisme, réalité que le manque de données fiables ne permet pas de mesurer avec précision », estime la mission sénatoriale. L’ANLCI a réussi à sensibiliser les formateurs et les développeurs des plateformes numériques publiques à la question de l’illectronisme. « Toutefois, sa gouvernance pèche puisque le groupement d’intérêt public de l’ANLCI ne comporte, pour l’instant, ni le secrétariat d’État au numérique, ni les régions alors qu’elles ont reçu la compétence de la formation au numérique », estiment les sénateurs. Selon eux, le nouveau plan pluriannuel de l’ANLCI devra bâtir une coalition pour coordonner les initiatives de l’État, des collectivités territoriales et des associations. Et de lancer : « Pour lutter contre la fracture numérique, la mobilisation de tous est nécessaire. Mais l’impulsion doit être portée au plus haut niveau politique ».

Les alertes du Défenseur des droits

Afin de mieux cerner les enjeux de l’exclusion numérique, alors que l’État accélère sa numérisation et que le télétravail a connu un essor sans précédent pendant le confinement dû à l’épidémie de Covid-19, la mission d’information a auditionné, le 25 mai, Jacques Toubon, Défenseur des droits, qui a alerté à plusieurs reprises sur « la dématérialisation à marche forcée des services publics » qui signifie « pour certains publics un recul de leurs droits en raison de la disparition des services publics sur certains territoires ».

Philippe Pottiée-Sperry
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