Budget 2026 : François Bayrou met les collectivités locales à contribution

, mis à jour le 16/07/2025 à 16h49
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Dilico, TVA, dotations… Une addition jugée injuste et inefficace

François Bayrou a présenté ses pistes pour le prochain bugdet, avec l'objectif de réaliser 43,8 milliards d'économies. Et sans surprise, les collectivités locales prendront leur part. Leur contribution imposée dans le projet de budget 2026 atteint 5,3 milliards d’euros. Entre reconduction du dispositif Dilico, écrêtement de la TVA et baisse des dotations d’investissement, les associations d’élus dénoncent une attaque contre la capacité d’action des territoires, « déconnectée de toute réalité financière ».

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Présenté comme un « moment de vérité » pour les finances publiques, le plan budgétaire dévoilé par le gouvernement prévoit que les collectivités territoriales prendront leur part de l’effort de redressement à hauteur de 5,3 milliards d’euros en 2026 – soit 13 % de l’effort global, selon François Rebsamen, ministre de l’Aménagement du territoire.
Mais la pilule passe mal chez les élus locaux. Pour l’AMF, cette contribution est « sans commune mesure avec les moyens réels des collectivités », d’autant plus que la sphère sociale, trois fois plus coûteuse, est appelée à fournir un effort similaire. « Cet effort imposé ne saurait en aucun cas être considéré comme équitable », juge l’association dans un communiqué publié le 16 juillet.
L’irritation est particulièrement forte face à la reconduction du Dilico, dispositif de lissage des recettes fiscales locales, censé être temporaire. « Il n’est ancré dans aucune réalité financière, puisque les collectivités sont ponctionnées indépendamment de leurs charges ou même de leur niveau de population », fustige l’AMF.
Autre motif de crispation : l’écrêtement de la TVA sur les compensations dues par l’État, reconduit en 2026. « Une mesure dénuée de toute logique de performance, qui témoigne une fois de plus du non-respect de la parole de l’État dans les relations financières avec les collectivités », dénonce encore l’association.

Une attaque contre l’investissement public local

Les dotations d’investissement seront également revues à la baisse, à hauteur de 200 millions d’euros. Le gouvernement justifie cette décision par le cycle électoral lié aux municipales de 2026, laissant entendre que la baisse serait temporaire. Seules les dotations pour les territoires ruraux (DETR) et les quartiers de la politique de la ville (DPV) seront épargnées.
Pour l’AMF, ces mesures représentent une atteinte directe à la capacité d’investissement des collectivités, qui réalisent 70 % de l’investissement public en France. Le Premier ministre ayant lui-même reconnu la différence d’impact entre dépenses de fonctionnement et dépenses d’investissement, l’association s’interroge : « quel est donc le sens des coupes opérées sur des budgets locaux qui financent l’avenir ? »

Autre grief majeur : le déficit de dialogue. Malgré six réunions en trois mois, les propositions de l’AMF pour réduire les charges imposées par l’État – comme le gel des hausses de cotisations CNRACL ou la révision du décret tertiaire – ont été ignorées. Ce dernier pourrait coûter 10 milliards d’euros par an aux collectivités, alerte l’AMF, qui réclame une « année blanche » sur les surcoûts liés aux normes et aux transferts de charges.
Enfin, les élus s’inquiètent de possibles suppressions d’agences d’État qui soutiennent l’action locale, comme l’ANCT. « Ce sont pourtant des partenaires essentiels pour les  projets.

 

Danièle Licata, rédactrice en chef Zepros Territorial, décrypte enjeux publics et collectivités. Forte de 20 ans en presse économique, elle rend accessibles les sujets complexes avec passion et engagement.
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