Covid-19 : l'appel de 19 présidents de département pour un revenu de base
Alors que les conséquences sociales, parfois dramatiques, de la crise sanitaire se font de plus en plus sentir sur une partie de la population la plus défavorisée, 19 présidents de conseils départementaux socialistes (1) ont publié une tribune, dans le Journal du Dimanche du 12 avril, où ils appellent à une généralisation du revenu de base pour faire face à cette crise.
Indiquant que cette revendication n’est pas nouvelle, ils rappellent qu’une proposition de loi pour l'expérimentation locale du revenu de base, issue des travaux de ces départements avec l'appui de la Fondation Jean-Jaurès, a déjà été présentée il y a un an par le groupe socialiste à l'Assemblée nationale. Et de regretter que « la majorité présidentielle l'ait rejetée sans aucun débat contre l'avis de nombreux groupes parlementaires de toutes sensibilités ».
Parmi les signataires, Mathieu Klein, le président du département de Meurthe-et-Moselle, a souligné que certains départements travaillent sur cette idée de revenu depuis déjà trois ans. Selon lui, il s’agit d’un « nouvel outil pour lutter plus efficacement contre la pauvreté, qui devient incontournable aujourd’hui pour amortir le choc social lié à la crise du Covid-19. Anticipons, innovons : oui à l’expérimentation dans les territoires ».
« Une solution pour amortir le choc social »
Les 19 signataires considèrent ainsi le revenu de base comme « une solution pour amortir le choc social qui risque de faire basculer nombre de nos concitoyens dans la précarité ». Se jugeant « en première ligne pour affronter les dégâts sociaux de cette crise », ils proposent « d'avancer avec pragmatisme pour lutter contre la pauvreté ». Et de préciser : « Nous souhaitons pouvoir mettre en œuvre un revenu de base sans contrepartie mais avec un accompagnement renforcé, automatique pour résoudre le problème du non recours aux droits, ouvert dès 18 ans pour lutter contre la précarité des plus jeunes, dégressif en fonction des revenus d'activité et d'un montant égal au seuil de pauvreté ».
Pour les allocataires du revenu de solidarité active (RSA), alors qu'elles étaient controversées il y a un an, « certaines de ces mesures ont déjà été prises au niveau national en faveur de la reconduction automatique des droits et de la suspension des sanctions, afin d'éviter toute rupture de prise en charge pendant la durée du confinement », précisent-ils. Les élus demandent au gouvernement d’aller plus loin et de mettre en œuvre l'ensemble du dispositif « de manière immédiate, pérenne et soutenable financièrement pour répondre aux besoins de long terme de la population ».
Un soutien monétaire et un accompagnement social
Cette démarche pourrait être portée également au sein de l'Union européenne, échelle adaptée pour apporter une réponse globale, selon eux. Dans leur tribune, ils affirment que « la priorité est d'assurer à tous ceux qui en ont besoin, un soutien monétaire et un accompagnement social pour faire face à cette crise inédite. C'est aussi le moyen de donner à toutes les personnes vulnérables l'appui nécessaire pour se réorienter vers le monde du travail alors que le redémarrage de notre appareil productif aura besoin de toutes les forces disponibles ».
Ils plaident également pour « un nouveau pacte social » qui « devra fonder le monde d'après la crise du Covid-19 ». Et de conclure : « Nos départements sont prêts à expérimenter cette solution et à en évaluer les bénéfices escomptés pour les personnes qu'ils accompagnent ».
P.P.-S.
(1) Les signataires : Sophie Borderie (Lot-et-Garonne), Denis Bouad (Gard) ; Jean-Luc Chenut (Ille-et-Vilaine) ; Xavier Fortinon (Landes) ; Jean-Luc Gleyze (Gironde) ; Philippe Grosvalet (Loire-Atlantique) ; Mathieu Klein (Meurthe-et-Moselle) ; Alain Lassus (Nièvre) ; Philippe Martin (Gers) ; René Massette (Alpes-de-Haute-Provence) ; Georges Méric (Haute-Garonne) ; Kléber Mesquida (Hérault) ; Christine Tequi (Ariège) ; Germinal Peiro (Dordogne) ; Serge Rigal (Lot) ; Nathalie Sarrabezolles (Finistère) ; Stéphane Troussel (Seine-Saint-Denis) ; Laurent Ughetto (Ardèche) ; André Viola (Aude)