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Ile-de-France : cri d’alerte sur la désertification médicale

Philippe Pottiée-Sperry
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Face à une désertification médicale en hausse constante en Ile-de-France, l’Union régionale des professionnels de santé (URPS) médecins libéraux (URPS) d’Ile-de-France et la Métropole du Grand Paris (MGP) ont lancé, le 9 mars, un cri s’alerte. Lors d’une conférence de presse commune intitulée « Risque vital engagé », ils ont étayé ce constat et formulé des pistes d’action proposées par l’URPS Ile-de-France. Selon sa présidente, la Dr Valérie Briole, cette désertification médicale « a atteint un niveau alarmant. Le manque de médecins entraîne un retard d’accès aux soins important et de nombreux médecins sont contraints de ne plus accepter de nouveaux patients ». Et de préciser que cette situation est générale sur la région : « Chaque département a dû ces derniers mois se priver de médecins libéraux dans des permanences de gardes de régulation des appels d’urgence ou sur des sites d’urgence libérale, allant jusqu’à des fermetures de lignes de gardes. Il est urgent de se saisir du sujet et de donner aux médecins libéraux les moyens d’exercer leur profession dans de bonnes conditions matérielles et financières. »

Plus de la moitié des médecins ont plus de 60 ans

Le zonage 2022 de l’Agence régionale de santé (ARS) confirme la désertification médicale, engagée il y a déjà plusieurs années. 7,5 millions de franciliens vivent aujourd’hui en zone d’intervention prioritaire (ZIP), soit 62,4 % de la population concernée. Ce dernier zonage publié par l’ARS fait de l’Ile-de-France le premier désert médical de France métropolitaine pour l’accès au médecin généraliste.

Durant toute la période de crise sanitaire, particulièrement marquée par le besoin en médecins, les départs sans remplacements de médecins libéraux ont continué. La crise a mis en évidence les déséquilibres qui existent au sein du périmètre de la métropole en matière d’accès aux soins. La pyramide des âges des médecins libéraux en exercice est par ailleurs alarmante. Plus de la moitié des médecins ont plus de 60 ans, ce qui laisse présager de nombreux départs à la retraite dans les années qui viennent. Cela engendre une baisse encore plus drastique du nombre de médecins dans la métropole et en Ile-de-France.

Six mesures préconisées par l’URPS

Consciente de ces enjeux, la MGP s’est déjà saisie des problématiques de santé aux côtés et en soutien de ses 131 communes. Souhaitant répondre rapidement à l’urgence sanitaire, sa commission santé accompagnera la mise en œuvre des différentes mesures proposées par l’URPS Médecins libéraux Ile-de-France. Il s’agit tout d’abord de maintenir les forces existantes en facilitant l’activité des médecins de plus de 65 ans et en soutenant économiquement les cabinets fragilisés. Autres mesures préconisées : former plus de médecins en augmentant significativement le nombre d’internes et en ouvrant les stages en libéral ; aider les médecins à s’installer en leur proposant un accompagnement financier et administratif ; équilibrer les revenus en fonction des coûts réels d’exercice de la profession en harmonisant les tarifs de consultations et d’actes à la moyenne européenne.

L’URPS Médecins libéraux Ile-de-France propose aussi d’aider la pratique de la médecine libérale en formant des gestionnaires administratifs de cabinets. Enfin, elle plaide pour mettre en place un hub-santé impliquant les médecins libéraux dans la création d’outils numériques afin de faciliter l’accès aux soins.

Appel à plus de décentralisation

Patrick Ollier, le président de la MGP, a indiqué que la nouvelle collaboration avec les médecins libéraux de l’URPS Ile-de-France « permettra d’aller plus loin, avec les maires et les élus chargés de la santé, pour permettre un accès aux soins indispensable aux métropolitains ». De même, le Dr Ludovic Toro, président de la commission santé de la MGP, constate que « toutes les villes sont touchées aujourd’hui par cette désertification médicale due à 30 ans d’inaction et d’immobilisme basés sur un concept uniquement économique. Une paupérisation médicale qui touche autant la médecine hospitalière que la médecine de ville ». Ce médecin en profite pour réclamer « une refonte totale du système de santé, beaucoup trop centralisé et géré uniquement par un ministère qui doit laisser une place décisionnelle aux élus et aux soignants. Une décentralisation est donc indispensable. »

P.P.-S.

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Philippe Pottiée-Sperry
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