
Santé des jeunes : la réponse viendra des territoires

Selon la dernière enquête Repères de l’Observatoire national de la Vie Etudiante (OVE), la santé physique et psychologique des étudiants reste fortement fragilisée, cinq ans après la crise sanitaire. Les collectivités locales, souvent en première ligne sur les questions de logement, de santé ou de prévention, sont appelées à jouer un rôle plus actif pour accompagner ces jeunes en perte de repères.
Un étudiant sur deux déclare avoir eu un trouble psychologique au cours de l’année 2023. Ce chiffre, révélé par la nouvelle enquête Repères de l’Observatoire national de la vie étudiante (OVE), témoigne de la persistance d’un malaise profond chez les jeunes. Alors que les effets de la pandémie ont agi comme un révélateur, les vulnérabilités persistent, souvent silencieuses. Et les réponses institutionnelles, malgré plusieurs plans nationaux, peinent encore à combler les besoins. Dans ce contexte, les collectivités locales apparaissent comme des acteurs incontournables pour reconstruire une proximité sanitaire, sociale et préventive.
Des indicateurs inquiétants sur la santé mentale
L’enquête, menée auprès de plus de 65 000 étudiants, confirme une tendance désormais bien installée : la santé psychique des jeunes adultes est préoccupante. 53 % des étudiants déclarent avoir ressenti des troubles psychologiques (anxiété, détresse, fatigue intense…), et près d’un quart d’entre eux affirment qu’ils ont fortement affecté leur vie quotidienne ou leurs études.
Les femmes, les boursiers, les personnes en situation de handicap et les étudiants étrangers sont les plus touchés. Plus frappant encore : 32 % des étudiants boursiers vivant dans les grandes villes signalent une détresse psychologique marquée. Et seulement un tiers des étudiants concernés disent avoir eu recours à une consultation. Ces chiffres interrogent la capacité du système actuel à répondre à l’ampleur des besoins. Si les universités et le ministère de l’Enseignement supérieur ont mis en place des cellules d’écoute et des dispositifs ponctuels, les relais territoriaux manquent de coordination et de visibilité, notamment sur les campus éloignés des centres-villes.
Les collectivités locales en première ligne
Accès aux soins, prévention, logement, mobilité… Les difficultés rencontrées par les étudiants sont multifactorielles, mais souvent amplifiées par des fragilités territoriales. Or, les collectivités territoriales ont un rôle clé à jouer dans l'accompagnement au quotidien de cette jeunesse fragilisée. De nombreuses compétences les placent au cœur de la réponse : soutien aux maisons de santé pluriprofessionnelles, coordination des actions de prévention, aides au logement étudiant ou à la mobilité, partenariats avec les CROUS et les universités.
Certaines villes ou métropoles expérimentent déjà des dispositifs innovants, comme des permanences de psychologues dans les résidences étudiantes, des aides aux soins non remboursés ou des plateformes locales d’écoute. Mais l’enquête souligne la nécessité d’un passage à l’échelle : seuls 15 % des étudiants interrogés disent avoir connaissance d’un soutien psychologique dans leur environnement local.
Enfin, l’OVE insiste sur l’importance de renforcer la présence de dispositifs de santé sur les campus secondaires ou en zones rurales, où les étudiants sont parfois encore plus isolés. La territorialisation des politiques de santé mentale apparaît donc comme un enjeu central de la prochaine décennie.
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