Parrainages : tir de barrage contre les propositions Bayrou

Philippe Pottiée-Sperry
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Etrange initiative ! A moins de trois mois de l’élection présidentielle, François Bayrou, le président du Modem, a proposé la constitution d’une « réserve » de parrainages de maires face au casse-tête de plusieurs candidats pour trouver le nombre suffisant de signatures.
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Début janvier, Eric Zemmour avait déjà appelé à la rescousse l’AMF sur le sujet. Selon le maire de Pau, il faudrait qu'un certain nombre de maires mettent en place « une réserve de signatures disponibles pour le cas où il manquerait des signatures aux candidats », et cela sans adhésion partisane mais par souci de « démocratie », a-t-il indiqué le 20 janvier à l'AFP. Il considère logiquement que les représentants des grands courants politiques devraient être garantis de disposer de leurs parrainages pour se présenter à la présidentielle.

Comme à chaque présidentielle, ce débat sur le parrainage de 500 élus revient en première ligne de la pré-campagne, avec son lot de critiques de candidats qui peinent à réunir les signatures nécessaires et dénoncent un dévoiement de la démocratie. En tout cas, la proposition de François Bayrou, comme les autres qui fleurissent, arrive bien trop tard pour le scrutin de 2022.

L’AMF très remontée

C’est surtout l’autre propos du Haut-Commissaire au Plan qui a fortement déplu aux associations d’élus quand il a défendu la mise en place d’une « réserve de signatures » avec « l'Association des maires ruraux, moins politisée que l'Association des maires de France ». Très remontée, l’AMF a réagi immédiatement en dénonçant « une mise en cause inadmissible d’une association totalement indépendante depuis 1907 qui regroupe plus de 98% des maires de France, dont une immense majorité de maires ruraux et sans étiquette politique ». Dans un communiqué, signé par les quatre membres de son bureau exécutif (David Lisnard, André Laignel, Murielle Fabre et François Deluga), elle n’hésite pas à fustiger une « posture politicienne » et « une arrogance » qui constituent « une voie sans issue dans une démocratie vivante, apaisée et respectueuse ». Ambiance ! Et surtout, l’AMF affirme que cette proposition, trois semaines après celle formulée par Eric Zemmour, « est purement incantatoire et n’est pas applicable en l’état du droit ».

Refus d’être « des pompiers de service »

Citée par François Bayrou, l’AMRF a senti le piège. Son président, Michel Fournier, s’est dit « très étonné » de la proposition du maire de Pau, ajoutant avec humour être « agréablement surpris d’apprendre que l’Association des maires ruraux de France pourrait à elle seule sauver la démocratie ! ». Et d’ajouter : « C’est beaucoup d’honneur et une immense responsabilité qui nous serait confiée ». Mais le président de l'AMRF s'est surtout dit « triste que l'on considère les maires ruraux uniquement comme des pompiers de services » après les épisodes des Gilets Jaunes, de la crise sanitaire et aujourd’hui des parrainages, « alors que leurs demandes précises, raisonnables, argumentées et récurrentes restent très largement sans réponse ».

Demande de retour à l’anonymat

A l’instar de la position de l’AMF, réaffirmée suite à la demande d’Eric Zemmour, Michel Fournier rappelle que « l’AMRF a demandé, à plusieurs reprises, que le sujet des parrainages soit traité au lendemain des précédentes échéances, puisqu’à chaque fois il est sur la place publique, avant que finalement tout le monde puisse être candidat ». « Ce qui au passage évite de parler du fond des enjeux des territoires », pointe-t-il. Et de proposer le retour à un anonymat plus fort des parrainages. « Les maires ruraux ne doivent pas être condamnés à devenir un sparadrap de la vie publique à quelques semaines de l’échéance présidentielle », lance le président de l’AMRF.

Une consultation des habitants

Parmi les autres propositions formulées, certains avancent un parrainage non pas issu du maire mais d’un vote du conseil municipal. Plus original encore, le maire de Sainte-Anastasie-sur-Issole (Var, 1800 habitants), Olivier Hofmann (sans étiquette), a indiqué vouloir organiser une consultation auprès de ses habitants, les samedis 29 janvier et 5 février, pour qu’ils choisissent le candidat à parrainer pour la présidentielle. Pour cela, il met comme condition qu’au moins un quart des personnes en âge de voter s’exprime, à défaut de quoi aucun parrainage ne sera donné.

Philippe Pottiée-Sperry

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