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Un risque d’abstention forte aux municipales

Philippe Pottiée-Sperry
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Dans un contexte d’accroissement de l’épidémie du coronavirus, 42% des Français se disent inquiets avec différentes réactions face à cette crise sanitaire : stocks de provisions, désertifications des lieux publics, recul des activités de groupe (exemple : sports), crainte croissante, et même risque fort d’absentéisme aux prochaines élections municipales !

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C’est, en effet, ce que révèle un sondage réalisé par l’Ifop pour Charles.co (1), selon lequel pas moins de 28% des Français envisagent de ne pas se rendre dans un bureau de vote pour voter aux municipales par crainte de transmission du coronavirus. Un facteur amplificateur de l’abstention qui pourrait encore s’aggraver compte tenu de l’accroissement de l’épidémie ces derniers jours (le sondage a été réalisé le 5 mars).

Dans le détail, le taux d’abstention s’élèverait à 25% dans les petites communes, à 28% dans les autres villes (sauf Ile-de-France) et grimperait jusqu’à 36% dans l’agglomération parisienne. Par statut d’emplois, ce sont les agents du secteur public qui semblent « les moins inquiets » (25% seraient susceptibles de ne pas aller voter à cause du coronavirus) contre 39% des dirigeants d’entreprise. Autre facteur différenciant selon l’âge : 40% des 18-25 ans s’abstiendraient contre seulement 23% des plus de 65 ans qui resteraient donc les électeurs les plus assidus alors qu’ils sont davantage exposés aux risques de transmission. Par ailleurs, les hommes seraient plus abstentionnistes que les femmes : 31% contre 25% ne souhaitent pas se rendre aux urnes du fait de l’épidémie.

Rassurer sur l’organisation du scrutin

Malgré ce contexte anxiogène, le gouvernement continue de refuser le report des municipales et préfère tenter de rassurer les électeurs comme les maires pour la tenue du scrutin. Dans un courrier daté du 7 mars envoyé à tous les maires, et publié par BFMTV , Edouard Philippe précise le dispositif pour les deux tours du scrutin.

Premier objectif : rassurer. « Toute l’action du gouvernement vise à permettre la continuité de la vie économique et sociale de la Nation, et à favoriser la résilience de la communauté nationale, indique le courrier. Les élections constituent à ce titre, dans la vie de nos territoires, un moment de respiration démocratique essentiel. Il n’est donc aucunement question de les reporter ».

Le Premier ministre évoque aussi « les mesures barrière » recommandées par les autorités sanitaires. Il s’agira d’un affichage à l’entrée des bureaux de vote sur les comportements à avoir : saluer sans se serrer la main, éviter les embrassades, se laver les mains très régulièrement.... Par ailleurs, certaines personnes devront porter un masque pour raisons médicales.

Faciliter les procurations

A la demande de l’AMF, le ministère de l’Intérieur va produire des recommandations relatives à l’organisation physique des bureaux de vote, de façon à ce que la gestion des files d’attente et flux au sein de chaque bureau limite les situations de promiscuité prolongée. D’autres recommandations complémentaires devraient être apportées concernant les surfaces de contact que représentent les bulletins de vote, les stylos utilisés pour les listes d’émargement, le nettoyage des bureaux de vote…

Pour éviter une trop forte abstention, Edouard Philippe veut aussi faciliter le recours aux procurations. Le ministre de l’Intérieur a ainsi adressé aux préfets, le 9 mars, « un télégramme et une instruction afin de favoriser l’établissement de procurations » pour les personnes faisant l’objet de mesures de confinement ou de prescriptions médicales de maintien à domicile ainsi que pour les personnes vulnérables. Il rappelle qu’elles peuvent demander à un officier de police de se déplacer pour recueillir leurs demandes de procuration.

S’inquiétant de la perspective d’une baisse de participation aux municipales, Christophe Bouillon, le président de l’APVF (Association des petites villes de France), a envoyé le 9 mars un courrier au Premier ministre lui demandant « de prendre les mesures nécessaires pour lutter contre le risque d’une forte abstention aux prochaines élections municipales ». Cela devrait notamment passer, selon lui, par le lancement « très rapidement d’une campagne nationale dans les médias rappelant que le vote est un devoir civique ».

Soutien public aux entreprises touchées

Par ailleurs, le gouvernement a annoncé le renforcement du dispositif de soutien public pour les entreprises touchées par la crise sanitaire et économique du coronavirus. Bruno le Maire, le ministre de l’Economie et des finances, a ainsi présenté, le 9 mars , l'arsenal mis en place qui vise trois objectifs : maintenir le tissu économique, éviter d'éventuelles défaillances d'entreprises, préserver l'emploi. En matière de marchés publics, il a redit que « si une entreprise de BTP a un retard dans l'exécution de son contrat, elle ne doit pas se voir infliger des pénalités de retard : c'est cela, la solidarité nationale ». A ce jour, l’Etat et les régions se sont engagés à appliquer cette règle pour leurs marchés publics. Les communes et les départements devraient suivre prochainement.

Philippe Pottiée-Sperry

(1) Enquête menée par l’Ifop le 5 mars 2020 auprès d’un échantillon de 1 008 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.

Philippe Pottiée-Sperry
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