Comment aller vers un matériel numérique plus responsable ?

2,5 % : c'est la part d'émissions de gaz à effets de serre due au numérique en France, selon une étude de l’Ademe et de l’Arcep (Autorité de régulation des communications électroniques). Si de bons usages peuvent la limiter, le matériel est aussi un levier important : sa fabrication représente en moyenne 78 % de cette part, estiment la même étude.

Démarrer par un diagnostic
Ainsi, pour arriver à un numérique plus responsable, un objectif s’impose : allonger la durée de vie des ordinateurs, tablettes et téléphones. Pour cela, Vincent Courboulay, maître de conférences en informatique à La Rochelle Université et cofondateur de l'Institut du numérique responsable, conseille de commencer par un diagnostic de son parc : « Pour faire un régime, je dois savoir combien je pèse, combien je voudrais peser et me demander quel sport je peux faire », image-t-il. Ainsi : connaître le nombre de terminaux, leurs usages, fixer des objectifs atteignables et souhaitables. Faire un bilan carbone de ses équipements peut aussi aider. 

Stratégie des 5R
Ensuite, pour définir les actions à mettre en œuvre, Vincent Courboulay convoque la stratégie dite des 5R : privilégier la réparation ou la réduction des besoins, acheter du matériel plus responsable – reconditionné ou labellisé par exemple –, réutiliser ce qui peut l'être, recycler. Sur le terrain, ces solutions peuvent aller des plus ambitieuses (se fournir en matériel labellisé, embaucher un réparateur...) aux plus simples, comme donner son vieux matériel ou permettre aux agents d'utiliser leurs cartes SIM professionnelle et personnelle sur le même téléphone – évitant de multiplier les équipements.

Résistance au changement
Pour Nicolas Rose, ancien référent en développement durable de la DSI à la région Nouvelle-Aquitaine, devenu expert indépendant en numérique responsable, les solutions concrètes sont encore à trouver : il manque des marchés, il existe des obstacles juridiques, financiers, voire psychologiques. Mais il évoque surtout la résistance au changement : « J'ai été confronté à des problématiques métier, à des manières de concevoir et gérer le numérique qui sont très classiques, mais incompatibles avec un numérique plus responsable », raconte-t-il. 

Feuille de route collective à Bordeaux métropole
En conséquence, pour Nicolas Rose, l'une des solutions est la construction collective d'une feuille de route numérique responsable, un projet qu'il accompagne actuellement à Bordeaux Métropole. Une manière de lister petites et grandes solutions, mais surtout de faire réfléchir tous les agents à une question qui a de vrais impacts sur leur quotidien professionnel.