
3 Minutes / 3 Questions dans les conditions du Direct

Zepros Territorial vous emmène chaque semaine avec France Climat à la rencontre d’un élu de France. Un format direct, rapide et percutant pour découvrir les défis, réussites et visions de femmes et d’hommes engagés. Invité cette semaine, Franck Breteau, maire de Saint Georges-du-Bois (72). En 3 minutes chrono, il partage ses projets marquants, ses petites frustrations et ses grandes ambitions pour sa ville. Un échange sans détour, à ne pas manquer !
Quel est le projet dont vous êtes le plus fier ?
J’en retiens deux, car ils sont emblématiques de ce qu’on essaie de faire, à savoir répondre aux besoins quotidiens des populations tout en regardant vers l’avenir.
Le premier, c’est la réalisation d’un grand espace de loisirs intergénérationnel, avec un city stade, une piste de BMX, une aire pour la petite enfance, le tout dans un cadre apaisé. Nous avons même planté plus de 50 arbres pour créer de l’ombre et de la fraîcheur. Ce qui me rend fier, c’est l’appropriation immédiate par les habitants. Chaque week-end, des dizaines de jeunes s’y retrouvent. Ce n’est pas qu’un aménagement : c’est un lieu de vie.
Le second, c’est notre engagement pour la transition écologique. Nous avons déployé des panneaux photovoltaïques sur plusieurs bâtiments communaux, installé des ombrières… Nous agissons concrètement, sans grands discours, mais avec une conviction : l’écologie se joue aussi au niveau local, dans la durée.
Quel est le projet qui vous laisse un goût d’inachevé ?
Sans hésitation : la construction du vestiaire sportif, un projet pourtant banal… mais qui est devenu un véritable parcours du combattant. On a lancé le chantier en début de mandat, mais avec l’explosion des coûts, le budget a dérapé de plus de 40 %. Résultat : trois équipes d’architectes, trois fois des plans à revoir… et toujours pas de bâtiment sorti de terre !
Quand je vois qu’on frôle 700 000 euros pour 250 m² sans équipement sophistiqué, je suis consterné. Ce vestiaire, c’est pourtant vital pour nos associations. Mais on enchaîne les blocages, les devis hors-sol, l’incompréhension. Et je le dis franchement : les petites communes se font parfois balader dans la commande publique. On a moins de services techniques, moins de poids, et ça se paie. Ce projet me reste en travers de la gorge.
Qu’est-ce qui marquera votre mandat ?
Ce qui marquera ce mandat, c’est l’imprévisibilité permanente. Des décisions tombent d’en haut, sans explication, sans stabilité. Des financements promis qui n’arrivent jamais, ou arrivent trop tard. On nous annonce des subventions, puis on nous dit qu’il n’y a plus d’argent. Un jour on nous demande 700 000 €, deux semaines plus tard, 3,4 millions. C’est devenu kafkaïen.
L’État n’est plus fiable. Et je le dis sans colère, juste avec lucidité. Même les préfets locaux sont démunis : ils ne savent plus que répondre, car les règles changent tout le temps. On ne peut plus planifier à moyen terme.
Et dans ce contexte, je mesure d’autant plus la force de nos structures locales, notamment la communauté urbaine du Mans ou notre pays, qui restent solides. Ce qui marquera mon mandat, c’est cette tension permanente entre l’énergie qu’on met localement pour faire avancer les choses… et les freins absurdes qu’on reçoit d’en haut.
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