Jean Rottner rejoint le privé après avoir quitté la vie publique
Le président de la région Grand Est a démissionné de tous ses mandats et annoncé, quelques jours plus tard, qu’il rejoignait le promoteur immobilier Réalités. Une décision critiquée par de nombreux élus.
A la surprise générale, Jean Rottner, président de la région Grand Est, a annoncé le 20 décembre qu’il quittait la vie publique, démissionnant de tous ses mandats pour des « impératifs familiaux ». Chargé d’assurer l’intérim, Franck Leroy (Horizons), premier vice-président de la région et maire d’Epernay (Marne), devrait a priori devenir le nouveau président lors de l’élection prévue le 13 janvier.
Jean Rottner a été maire de Mulhouse de 2010 à 2017, puis premier adjoint pour cause de cumul des mandats au moment où il devient président de la région. Il présidait également, depuis 2014, la Fédération nationale des agences d’urbanisme (FNAU). Agé de 55 ans et ancien médecin urgentiste, il avait succédé en 2017 à Philippe Richert à la tête de la région Grand Est, lui-même démissionnaire.
Directeur Grand Est du groupe Réalités
Tout juste dix jours après son annonce, Jean Rottner a été nommé directeur Grand Est de Réalités, a annoncé le promoteur immobilier et cabinet de conseil le 30 décembre. Coté en bourse, ce groupe ouvrira cette nouvelle direction régionale à l’été 2023 qui s’ajoutera à une présence dans six autres régions (Pays de la Loire, Bretagne, Nouvelle Aquitaine, Centre-Val de Loire, Ile-de-France, Hauts-de-France) et à l’étranger (Portugal, Maroc et Sénégal).
Dans son communiqué, l’entreprise privée estime que « la rencontre entre Jean Rottner et Réalités, entreprise à mission, est apparue comme une évidence. L’un comme l’autre partage le même sens de l’intérêt général, la vocation d’être utiles aux territoires et à leurs habitants, et des valeurs fortes telles que l’humanisme, l’exigence, l’optimisme ».
Risque de conflit d’intérêts
Ce recrutement a provoqué de vives réactions de la part des élus du conseil régional, certains pointant un risque de conflit d’intérêts ou de pantouflage. D’autres évoquent une atteinte à la ligne politique de la région. Christophe Choserot, maire (Renaissance) de Maxéville, vice-président de la métropole du Grand Nancy, conseiller régional du Grand Est et président du groupe Centristes et Territoires à la région, s’inquiète du départ de Jean Rottner « avec une quantité de données territoriales importante » et cela au moment où la région est « en pleine révision du Sraddet » (schéma régional d’aménagement, de développement durable et d’égalité des territoires).
« Avis de compatibilité avec réserve » de la HATVP
« Se présenter à un mandat de sept ans et ne faire que 18 mois, je trouve que ce n’est pas très respectueux », estime pour sa part Michael Weber, maire de Woelfling-lès-Sarreguemines, conseiller régional du Grand Est et premier secrétaire fédéral PS de Moselle. Et de souligner que Jean Rottner « a demandé à la HATVP [Haute autorité pour la transparence de la vie publique] d’examiner son projet personnel dès… juillet 2022 ! ». Dans une délibération du 6 septembre dernier relative à ce projet de reconversion professionnelle, la HATVP a rendu un « avis de compatibilité avec réserve ».