Les maires en noir : la colère monte face aux coupes budgétaires

Danièle Licata
Image
Les maires ont fait valoir que les ponctions sur leurs budgets prévues dans le cadre de la loi de finances de près de 10 milliards d’euros sont confiscatoires

Le 106e congrès des maires s’ouvre sur fond de colère unanime. Face aux coupes budgétaires de près de 10 milliards d’euros imposées par le gouvernement, les élus, arborant une écharpe noire en signe de protestation, dénoncent des mesures qu’ils jugent confiscatoires. Entre services publics menacés et investissements bloqués, la tension ne cesse de monter avant l’intervention attendue du Premier ministre le 21 novembre à la clôture du congrès.

Partager sur

À l’occasion du 106e congrès des maires et des présidents d’intercommunalités rassemblées au Parc des expositions de la porte de Versailles à Paris, les élus locaux ont exprimé leur ras-le-bol face aux coupes budgétaires massives prévues par le gouvernement pour 2025. Arborant une écharpe noire par-dessus leur écharpe tricolore, près de 5 000 maires de toutes sensibilités politiques ont affiché leur unité contre un projet de loi de finances qu’ils qualifient de « confiscatoire » et « destructeur » pour leurs collectivités.
Selon André Laignel, premier vice-président délégué de l’Association des maires de France (AMF), ces coupes budgétaires, estimées entre 10 et 11 milliards d’euros, représentent « le pire budget jamais imposé aux collectivités locales ». En effet, les élus dénoncent des réductions qui touchent directement leurs capacités d’investissement, menaçant des secteurs essentiels comme le bâtiment, les infrastructures, et la transition écologique.

Des investissements en danger

Les élus locaux alertent sur les conséquences désastreuses de ces ponctions. Selon l’Observatoire des finances et de la gestion publique locales, l’investissement communal avait repris des couleurs après des années de stagnation, avec une hausse de 6 % en euros constants sur les quatre premières années de ce mandat par rapport au précédent. Mais les coupes prévues pour 2025 risquent d’inverser cette tendance, mettant en péril des projets locaux cruciaux et aggravant les difficultés des secteurs économiques comme le bâtiment et les travaux publics.
L’AMF tire également la sonnette d’alarme sur l’impact potentiel de ces coupes sur les services publics du quotidien. « Ce budget met en danger l’efficacité de l’action publique de proximité et la qualité de vie de nos concitoyens », déplore Philippe Laurent, maire de Sceaux et vice-président de l’AMF.

Incohérences et injonctions contradictoires

Les élus dénoncent également les injonctions contradictoires de l’État, notamment en matière de transition écologique. Alors que les collectivités sont encouragées à investir dans des projets verts, les subventions dédiées, comme le fonds vert ou les crédits des agences de l’eau, subissent des coupes drastiques. « C’est une stratégie économique incohérente qui pénalise les acteurs les plus efficaces en gestion publique », critique André Laignel.

Un Premier ministre attendu au tournant

Alors que Michel Barnier, le Premier ministre, doit intervenir le 21 novembre pour clôturer le congrès, les maires ne cachent pas leur scepticisme. Des annonces de « faux cadeaux », comme le renoncement à une réduction rétroactive du fonds de compensation pour la TVA, sont attendues, mais jugées insuffisantes par les élus.
Pour l’AMF, ce congrès doit marquer le début d’une mobilisation nationale. « Ce congrès n’est pas un point d’arrivée, mais un point de départ », martèle André Laignel, appelant l’État à revoir sa copie pour préserver la vitalité des collectivités locales, socle de la démocratie de proximité.

 

Danièle Licata
Partager sur

Inscrivez-vous gratuitement à nos newsletters

S'inscrire