L’union du Bloc communal face à l’asphyxie budgétaire

Danièle Licata
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Les associations du bloc communal s'unissent pour dénoncer les coupes budgétaires prévues par le gouvernement

Les associations du bloc communal se sont unies pour dénoncer les coupes budgétaires prévues par le gouvernement dans le cadre des projets de loi de finances et de financement de la sécurité sociale pour 2025. Face aux 10 milliards de prélèvements qu'elles jugent injustes et récessifs, les collectivités locales tirent la sonnette d’alarme sur les impacts pour les services publics et les investissements. La pression monte alors que les élus locaux rappellent « qu’elles ne sont pas responsables de la dérive des comptes publics, qu’elles votent leur budget à l’équilibre et que, contrairement à l’Etat, leur dette est stable depuis les premières lois de décentralisation ». 

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Les associations du bloc communal, unies comme rarement, ont exprimé d’une seule voix leur opposition ferme aux 10 milliards d’euros de coupes que le gouvernement entend imposer dans le cadre du projet de loi de finances 2025. Représentées par l’AMF, l’APVF, l’AMRF, France Urbaine, Intercommunalités de France, Villes de France, Ville & Banlieue, et l’UNCCAS, ces associations dénoncent des mesures récessives qui risquent de fragiliser durablement l’économie locale et la qualité des services publics.

Des collectivités sous pression 

« Nous ne contestons pas le principe des économies, mais les méthodes utilisées sont injustes et inefficaces », a affirmé André Laignel, premier vice-président délégué de l’AMF. Les élus rappellent que les collectivités locales, déjà soumises à une rigueur budgétaire stricte, respectent la règle d’or : elles n’empruntent que pour investir, jamais pour leur fonctionnement. Leur endettement, qui représente moins de 9 % du PIB, est largement inférieur à celui de l’État. Pourtant, ce dernier continue de faire peser sur elles le poids de sa propre gestion inefficace.
Ces coupes budgétaires, dénoncées comme « des prélèvements masqués », menacent directement l’investissement public local, pilier de la transition écologique, des infrastructures, et de la solidarité sociale. « Sans collectivités fortes, la France court droit à la récession », avertit David Lisnard, maire de Cannes et président de l'AMF, citant les effets négatifs déjà prévus sur des secteurs clés comme le bâtiment et les travaux publics.

Amortisseurs sociaux en péril

Les élus locaux rappellent leur rôle crucial en tant que « amortisseurs sociaux », particulièrement en période de crise. « Lorsque l’État échoue, ce sont les collectivités qui prennent le relais pour maintenir la cohésion sociale et répondre aux urgences », souligne Sébastien Martin, président d’Intercommunalités de France. Les coupes prévues, combinées à des normes de plus en plus contraignantes, rendent cette mission de plus en plus difficile.
Un autre point de crispation concerne la baisse des subventions dédiées à la transition écologique, comme le Fonds vert ou les crédits des agences de l’eau. « Ces mesures sont incohérentes. D’un côté, on nous demande d’accélérer la transition énergétique, et de l’autre, on nous prive des moyens nécessaires », déplore les élus. 

Un appel à lâcher prise

Les associations appellent le gouvernement à revoir sa stratégie et à engager une réforme structurelle qui fasse confiance aux collectivités locales. « Nous savons faire mieux et moins cher, en proximité. Ce que nous demandons, c’est que l’État lâche prise et cesse de multiplier les injonctions contradictoires et les doubles contrôles », insiste David Lisnard. Les élus mettent également en garde contre un « crash démocratique », résultant de la démobilisation progressive des acteurs locaux.
Alors que le Premier ministre Michel Barnier doit intervenir prochainement, le bloc communal espère faire entendre raison au gouvernement. « Ce n’est pas un simple cri de colère, mais un appel à la responsabilité et à une réforme durable des relations entre l’État et les collectivités », conclut Sébastien Martin.

 

Danièle Licata
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