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« Les universités des mairies, un temps d’échanges pour mieux se consacrer à l’action publique »

Danièle Licata
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La 21e édition des universités des mairies de l'ouest parisien se tiendra le 9 octobre prochain. Un moment de rencontres qui permet aux édiles, au-delà des clivages, de se concentrer collectivement sur l’action publique. La rédaction a rencontré en avant-première Jacques Kossowski, Président de l’Association des maires des Hauts-de-Seine, Maire de Courbevoie et Pierre Fond, Président de l’Union des maires des Yvelines, Maire de Sartrouville.

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Jacques Kossowski : Les universités des mairies de l’ouest parisien, sont un grand-rendez-vous annuel, l’occasion pour les élus de se former et de s’informer sur tous les sujets essentiels à l’exercice de leur mandat. Nous n'avons pas toujours l'occasion de voir nos collègues du département des Hauts-de-Seine. Ces réunions nous permettent de partager nos expériences et d'apprendre les uns des autres. En tant que maires, nous sommes confrontés à de nombreux défis, que ce soit sur le plan politique, environnemental ou financier. Par exemple, nous discutons souvent de la gestion du gaspillage alimentaire et de l'amélioration de la performance énergétique dans nos villes. Ces échanges sont essentiels pour trouver des solutions adaptées à chacun de nos territoires. La gestion budgétaire est un sujet très délicat car nous devons constamment équilibrer nos budgets tout en répondant aux besoins de nos citoyens. Nous échangeons donc sur les meilleures pratiques pour économiser l'énergie et l'eau, comme l'installation de LED pour l'éclairage public ou l'utilisation de panneaux solaires sur certains bâtiments municipaux.

Pierre Fond : Nous avons lancé nos programmes avant la dissolution et les élections législatives. À l'époque, deux sujets étaient particulièrement importants : la décentralisation, en lien avec un rapport récent, et le logement, notamment la construction et les aménagements possibles de la loi SRU. Aujourd'hui, il est difficile de savoir quel sera le programme de travail de l'Assemblée nationale et il y a une forte inquiétude concernant la dégradation des situations financières des communes.

ZT :  Le logement est un autre défi majeur, notamment dans la région parisienne où le marché est particulièrement tendu. Comment parvenez-vous à concilier la préservation des terres agricoles et la construction de logements pour tous dans ce contexte ?
Jacques Kossowski : C'est une question complexe, surtout dans une région comme les Hauts-de-Seine, où le foncier est rare. Ce qui nous oblige à repenser nos façons de construire et de développer. Par exemple, avec le télétravail qui se généralise, la baisse de la demande pour les bureaux ouvre des possibilités pour les transformer en logements. Cependant, cela a un coût, et toutes les structures ne peuvent pas être converties facilement en résidences. Il est essentiel de trouver un équilibre entre le développement économique, la préservation des espaces verts et la construction de logements abordables.

Pierre Fond : Je confirme l’exercice est difficile. Les maires sont au cœur de cette problématique. Des mesures trop strictes et bureaucratiques peuvent entraîner l'abandon de projets comme l'installation de sièges d'entreprises ou la construction de logements. Et la règle du zéro artificialisation des sols et un code de l'urbanisme devenu extrêmement complexe rendent la tâche encore plus compliquée tant pour les maires que pour les promoteurs et les particuliers. Nous devons trouver un équilibre entre la nécessité de construire et de se développer, et celle de préserver nos ressources.

ZT :  Vous avez mentionné que vous n'avez pas attendu que l’on vous impose des mesures pour agir sur le changement climatique. Pouvez-vous nous en dire plus sur ce que vous avez mis en place à Courbevoie ?
Jacques Kossowski : À Courbevoie, nous avons pris les devants depuis de nombreuses années. Nous avons fait des économies d'énergie, d'eau et de chauffage en adoptant des solutions durables comme l'arrosage automatique basé sur des capteurs dans nos parcs et l'installation de panneaux solaires sur les toits des bâtiments publics. Nous avons également remplacé l'éclairage public par des LED pour réduire la consommation d'électricité. Tous ces efforts visent à réduire notre empreinte carbone et à rendre notre ville plus durable.

ZT :  Les élus ont-ils les moyens financiers, humains et technologiques pour faire face à l’urgence climatique ?
Pierre Fond : La montée en puissance des intercommunalités est une bonne chose, tout comme le soutien de l'État, des départements et des régions. Cependant, il y a un manque de compétences spécifiques dans certains domaines comme la géothermie, la production de chaleur, ou le photovoltaïque. Toutes les communes n'ont pas les moyens de recruter ou de collaborer avec des entreprises spécialisées, ce qui peut être un frein. Mais des solutions intercommunales existent, mais elles nécessitent elles-mêmes des ressources et des compétences que nous devons continuer à développer.

ZT : Pensez-vous que nous soyons passés à une nouvelle phase de la transition écologique, où il ne s'agit plus seulement de sobriété, mais aussi de production énergétique indépendante ?
Pierre Fond : Absolument. Les crises récentes, comme la hausse des prix du gaz et de l'électricité, ont montré l'importance de maîtriser l'approvisionnement énergétique. Cela permet de construire des budgets plus solides et de garantir une certaine autonomie énergétique. Nous avons eu le déclic il y a deux ans, lorsque certaines piscines ont dû fermer faute de pouvoir payer le chauffage. Depuis, de nombreuses collectivités ont entrepris des initiatives pour produire leur propre énergie et réduire leur dépendance.

ZT :  À deux ans des élections municipales, comment les élus gèrent-ils les défis de la gouvernance municipale ?
Pierre Fond : Les municipales sont dans toutes les têtes, et cela influence les politiques communales. Par exemple, il est peu probable que l'on modifie un Plan Local d'Urbanisme (PLU) six mois avant une élection. L'objectif n’étant pas décourager les bonnes volontés et de renouveler les équipes, en intégrant de nouvelles générations ou des personnes n'ayant jamais exercé de mandat. Il est crucial de maintenir l'engagement des élus, car la société française repose en grande partie sur leur travail local.

ZT : Comment abordez-vous la fracture sociale et territoriale dans l'ouest parisien ?
Pierre Fond : La fracture sociale existe, et il y a de nombreuses politiques pour la réduire, notamment dans les quartiers difficiles. Il ne faut pas croire que rien n'est fait ; beaucoup de choses sont mises en œuvre, que ce soit en matière de sécurité, d'éducation ou de soutien social. La cohésion sociale doit se construire au niveau local, par des politiques adaptées aux spécificités de chaque territoire.

ZT : En matière de cohésion sociale et de sécurité, Courbevoie a toujours été considérée comme une ville tranquille. Qu'avez-vous mis en place pour maintenir cette réputation, surtout après les incidents récents ?
Jacques Kossowski : Courbevoie est effectivement l'une des villes les plus sûres de la région Île-de-France, et nous travaillons dur pour maintenir cette sécurité. Nous avons un centre de surveillance urbain (CSU), une cinquantaine de policiers municipaux et une vingtaine de médiateurs. Nous appliquons une tolérance zéro envers la délinquance et, en même temps, nous nous assurons que les jeunes en difficulté ne soient pas laissés à l'abandon. Nous les accompagnons pour qu'ils retrouvent le chemin de l'école ou qu'ils s'engagent dans des activités sportives ou culturelles.

ZT : Quelles sont les préoccupations majeures des élus concernant la petite enfance et l'accès aux soins ?
Pierre Fond : Pour la petite enfance, il y a toujours eu une gestion de la pénurie, avec des questions de coût, de construction et d'attractivité des métiers. Les communes doivent souvent revaloriser certains postes pour attirer des professionnels qualifiés. Quant à l'accès aux soins, c'est une problématique majeure, avec des déserts médicaux qui persistent, même en région parisienne. Nous devons travailler sur ces sujets pour répondre aux attentes des habitants et améliorer la qualité de vie sur nos territoires.

ZT : Après toutes ces années en tant que maire de Courbevoie, vous ne vous représenterez pas aux prochaines élections municipales. Quel bilan tirez-vous de vos mandats ?
Jacques Kossowski : J'ai eu la chance de réaliser plusieurs projets importants pour Courbevoie, comme le développement des écoles internationales, l'amélioration des infrastructures sportives et la promotion des langues étrangères dès le plus jeune âge. Nous avons également lancé des projets à long terme, comme la ligne 15 et EOLE, qui transformeront encore plus notre ville dans les années à venir. Ce qui me marque le plus, c'est la capacité de notre ville à évoluer et à s'adapter aux défis du 21e siècle tout en préservant sa qualité de vie.


ZT :  Quel message souhaitez-vous passer aux autres maires et à vos concitoyens à l'approche des universités des mairies de l'ouest parisien ?
Jacques Kossowski : Je suis très honoré d'avoir été élu président des maires du département, et je pense que notre capacité à travailler ensemble, malgré nos différences, est essentielle. Nous devons continuer à échanger, à apprendre les uns des autres et à chercher des solutions innovantes pour nos villes. C'est en restant unis et en respectant nos valeurs communes que nous pourrons relever les défis de demain.
 

Danièle Licata
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