3 Minutes / 3 Questions dans les conditions du Direct

Quel est le projet dont vous êtes le plus fière ?

Sans hésiter, le schéma de l’enseignement supérieur, que nous venons tout juste de le voter. C’est un chantier essentiel pour l’avenir du Cotentin. Aujourd’hui, un jeune sur deux qui part faire ses études ailleurs ne revient pas. Et pourtant, nous avons besoin d’eux, de leur énergie, de leur regard neuf, pour faire vivre notre territoire. Ce schéma vise à inverser cette tendance en créant les conditions pour que les jeunes restent ou reviennent. Concrètement, cela passe par de nouvelles formations en lien avec notre tissu économique – notamment dans le secteur naval, le nucléaire ou l’éolien –, la rénovation de nos résidences universitaires, l’accueil d’une nouvelle école d’ingénieurs et la reconnaissance de tous les étudiants, qu’ils soient en BTS ou en master. L’objectif est ambitieux : doubler notre population étudiante pour atteindre 5 000 étudiants d’ici 2035. C’est un pari sur l’attractivité, sur la jeunesse, et donc sur l’avenir.

Quel est le projet qui vous laisse un goût d’inachevé ?

Les Plans Locaux d’Urbanisme intercommunaux (PLUi). C’est un projet structurant et indispensable pour maîtriser notre développement territorial, mais c’est un parcours semé d’embûches. Nous avons démarré ce travail en 2017, et depuis, les contraintes se sont multipliées : loi Climat et résilience, zéro artificialisation nette, exigences environnementales... Et tout cela avec une réalité de terrain très complexe : 129 communes, des sensibilités différentes, des élus à convaincre et à accompagner. On a mis en place des comités locaux, des séminaires sur la densification pour montrer que construire autrement, c’est possible. Mais aujourd’hui, même si nous approchons du zonage, je sais que tout ne sera pas abouti d’ici la fin du mandat. C’est frustrant car le PLUi, c’est notre boussole pour construire, loger, accueillir. Et dans un territoire en plein essor comme le nôtre, ne pas disposer de ce cadre validé par tous, c’est se priver d’un levier puissant.

Qu’est-ce qui marquera votre mandat ?

L’essor économique du Cotentin, sans aucun doute. On parle souvent de nous comme d’un territoire isolé ou périphérique, mais aujourd’hui, c’est ici que se joue une part de l’avenir industriel de la France. Le Cotentin, c’est une terre de nucléaire, bien sûr, mais aussi un laboratoire de la transition énergétique avec l’éolien offshore, les projets hydrolien, les innovations industrielles. Nous sommes le territoire qui crée le plus d’emplois industriels en France actuellement. Mais ce dynamisme a un revers : il faut pouvoir loger les travailleurs, organiser les transports, répondre aux besoins en santé, en scolarité, en services publics. Nous travaillons sur un récit de territoire partagé, un discours commun que les élus, les entreprises, les habitants pourront porter ensemble, pour affirmer qui nous sommes et pourquoi on a envie de vivre ici. Ce n’est pas du marketing : c’est une stratégie d’attractivité sincère. Parce qu’on ne peut pas attirer des talents ou des familles sans leur offrir aussi une qualité de vie. Et dans le Cotentin, on respire, on est bien. Il faut maintenant que tout le monde le sache.