
Travailler pour sa commune : mais pour faire quoi ?

Villes de France, en partenariat avec MonAvisCitoyen.fr, Jobpublic.fr et Fursac Anselin, publie une enquête exclusive sur l’attractivité de l’emploi public locale. " Avec 88 % des répondants qui accepteraient de travailler pour une collectivité locale, les résultats tordent le cou aux idées réçues " analyse Laurent Clémentz, fondateur de Jobpublic.fr. Mais cette forte appétence s’accompagne d’un déficit de notoriété sur les métiers et les évolutions de carrière. Un enjeu central à moins d’un an des municipales.
Avec plus de 15 000 répondants, l’étude balaie certaines idées reçues. « Je m’attendais à ce qu’une majorité dise oui… mais pas à ce point-là », reconnaît Laurent Clementz, fondateur de Jobpublic.fr. La mairie est perçue comme l’employeur public le plus attractif : 8 Français sur 10 préféreraient y travailler plutôt que pour l’État, qui souffre d’un désaveu marqué. Même les retraités – 75 % d’entre eux – se disent prêts à s’engager pour leur collectivité.
Cette appétence ne varie que peu selon les catégories socioprofessionnelles ou les tranches d’âge, mais elle est fortement influencée par la proximité géographique : plus l’employeur est local, plus il est désirable. « Travailler près de chez soi, pour sa ville qu’on aime, dans un métier qui a du sens… c’est le trio gagnant », résume Laurent Clementz.
Certaines régions et départements se démarquent : la Creuse, l’Indre ou les Côtes d’Armor affichent des taux d’attractivité record. À l’inverse, des villes comme Clermont-Ferrand ou Grenoble se retrouvent en bas de classement. « C’est un paradoxe : des territoires très agréables à vivre, mais perçus comme peu attractifs pour l’emploi public local », observe Yves Kergall, fondateur de Mon Avis Citoyen.
Salaires, image et évolution : des freins à lever
Si l’attractivité est réelle, plusieurs freins subsistent. En premier lieu, la question salariale, mais surtout la perception d’un manque d’évolution. « Ce n’est pas seulement le niveau de rémunération qui pose problème, c’est l’idée qu’on va stagner », souligne Laurent Clementz. Les jeunes générations, en particulier, sont en quête de flexibilité, de reconnaissance, mais aussi de perspectives. Le télétravail, souvent mis en avant, n’arrive qu’en 6e position parmi les leviers d’attractivité.
Autre frein : le déficit de notoriété sur la richesse des métiers dans la fonction publique territoriale. « Personne ne sait qu’une collectivité peut regrouper 100 à 150 métiers différents. Il faut le dire, le montrer, le rendre visible », insiste Yves Kergall. Les missions de transition écologique, pourtant stratégiques, sont encore largement méconnues du grand public.
Enfin, un enjeu de communication se dessine : « Les collectivités territoriales sont par nature des employeurs à mission, mais elles oublient trop souvent de le dire », résume Laurent Clementz. Et pourtant, dans une société en quête de sens, ce positionnement est un atout majeur.
Loin de l’image d’un secteur en perte de vitesse, cette enquête révèle un potentiel fort d’attractivité pour l’emploi public local. Encore faut-il lever les malentendus, mieux faire connaître les métiers, moderniser le management et accompagner les aspirations nouvelles, notamment chez les jeunes. Rendez-vous est donné le 7 octobre prochain pour une seconde restitution, avec des analyses croisées par territoires.
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