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Rencontre avec Michel-Ange Jérémie, président de la l'Association des maires de Guyane et Maire de Sinnamary

Danièle Licata
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Michel-Ange Jérémie, président de la l'Association des maires de Guyane et Maire de Sinnamary

En amont de la visite du Président de la République en Guyane les 25 au 26 mars, l’Association des Maires de Guyane a interpelé l’Elysée dans un courrier adressé au chef de l’Etat sur bon nombre de sujets en tête desquels la sécurité, le recensement qui ne colle pas à la réalité ou encore le processus d’évolution statutaire. Zepros Territorial a rencontré, avant le déplacement présidentiel, Michel-Ange Jérémie, président de la l'Association des maires de Guyane et  Maire de Sinnamary, qui revient sur ces sujets qui préoccupent les maires « rigoureusement attachés à se positionner dans une démarche pragmatique de fonctionnement des collectivités locales ». Rencontre. 

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Zepros Territorial : On ne peut évoquer la Guyane sans soulever les problèmes de sécurité qui ne cessent de croître. Comment y faire face ?

Michel-Ange Jérémie : La montée en puissance de la criminalité, du trafic de drogue et des activités illégales dans les zones frontalières, sont une réalité à laquelle les populations sont confrontées au quotidien. Et la lutte contre ces différentes formes d'insécurité est une priorité des élus. 
C'est pourquoi, nous attendons une réponse adaptée à ces multiples formes de violences comme les vols à main armée, les homicides et le trafic de drogue. Nous, maires de Guyane et Présidents d’EPCI, sommes en première ligne, en particulier dans les zones frontalières de la région qui sont particulièrement touchées par des activités illégales faute de contrôle et de surveillance. De plus, l'orpaillage illégal représente une menace pour la sécurité environnementale et humaine, contribuant à la déforestation, à la pollution des cours d'eau et à l'exploitation des travailleurs. Pour remédier à ces problèmes, il existe des solutions traditionnelles : notamment le renforcement des effectifs de police, l'amélioration de la coopération transfrontalière, la mise en place de programmes de prévention de la criminalité, ainsi qu’une réglementation plus stricte de l'exploitation minière. Mais pour lutter contre ces diverses formes de violences nous avons besoins de renforts de la police, de la gendarmerie mais non pas de façon temporaire mais permanente, seule façon d’obtenir des résultats probants. Doivent se greffer en parallèle des mesures à plus long terme afin de s’attaquer à la racine du fléau notamment en renforçant l’éducation et la formation de la jeunesse, afin de mieux contribuer à la prévention de la criminalité mais aussi en redimensionnant les services sociaux et en renforçant les partenariats communautaires pour un travail au plus près du terrain.  

ZT : Vous demandez également une meilleure péréquation. Expliquez-nous.

MAJ : En effet, les communes guyanaises subissent une véritable injustice financière contraire au principe de péréquation qui vise, en théorie, à garantir une égalité entre les collectivités locales au regard des charges auxquelles elles doivent faire face. Avec 84 000 km2 de superficie, nous rappelons que la Guyane est le plus grand département français ! Mais faute de données fiables, le mode de calcul actuel de la Dotation Globale de Fonctionnement (DGF) génère pour les communes guyanaises des injustices qui plombent le dynamisme local. C’est pourquoi, la future réforme de la DGF devra prendre en toutes  les spécificités de notre territoire dans le calcul de la DGF notamment la superficie des communes guyanaises afin de garantir à toutes nos communes, même les plus éloignées et les moins peuplées, des ressources nécessaires. Pour se faire, nous souhaitons être associés aux travaux du Comité des finances locales.

ZT : Concernant le recensement de la population, vous dites que les chiffres de l’Insee sont incohérents, ce qui pénalise les Guyanais. Pourquoi ?

MAJ : Nous avons relevé ces derniers mois de très nombreuses incohérences entre la réalité quotidienne et les chiffres délivrés par l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) comme le nombre d’habitants en Guyane qui serait en baisse selon les derniers chiffres alors que notre démographie croît. Or nous avons besoin de nous appuyer sur des données fiables, pour agir rapidement et efficacement face aux crises sociales, sanitaires et économiques qui touchent de plein fouet les Guyanais et développer les infrastructures publiques pour répondre aux besoins des habitants, construire et moderniser nos écoles, construire des logements, déployer nos réseaux énergétiques, mettre en place nos réseaux de transport ou encore garantir un accès suffisant aux soins. Nous souhaitons que l’Insee modifie enfin sa méthode de calcul afin de mieux considérer les spécificités de notre territoire en mettant fin au décalage des 3 années qui séparent la prise de référence statistique et la publication des chiffres. La référence statistique doit porter sur l’année N ou l’année N-1 pour refléter au mieux la réalité.

ZT : Au-delà de tout ce que vous venez d’évoquer, qu’attendez-vous de la venue du Président de la République ?

Mais souhaitons une réponse claire sur le processus d’évolution statutaire. Après les nombreuses rencontres et propositions que nous avons déjà faites, il est important que l’ensemble des élus guyanais, maires et présidents d’EPCI, conseillers territoriaux, parlementaires … mais aussi les populations de notre territoire, puissent entendre le Président sur tous les sujets qui nous animent. 
 

Danièle Licata
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