Santé mentale : les territoires en première ligne du plan de refondation

« La psychiatrie mérite une réparation », écrit le ministre , ministre chargé de la Santé et de l'Accès aux soins, dans l’édito du plan dévoilé il y a quelques jours. Ce plan, structuré autour de trois axes – repérer, soigner, reconstruire – entend passer d’un modèle hospitalo-centré à une approche de proximité, ancrée dans les lieux de vie. Un virage qui place les territoires au cœur de la transformation.

Des projets territoriaux (vraiment) stratégiques

Le gouvernement veut donner un nouveau souffle aux Projets territoriaux de santé mentale (PTSM), devenus en quelques années la colonne vertébrale de la coordination locale. Une nouvelle version de l’instruction PTSM, annoncée pour fin 2025, vise à renforcer leur portée : inclusion, prévention, santé mentale des jeunes et des personnes en situation de précarité, autant de volets à systématiser dans les plans locaux. Plus encore, chaque PTSM devra désormais intégrer une solution concrète d’aval après une hospitalisation ou une crise. Cela implique un travail étroit entre hôpitaux, bailleurs sociaux, structures médico-sociales, et collectivités, pour garantir l’accès à des lieux de répit, des hébergements temporaires et un accompagnement de terrain. Les agences régionales de santé (ARS) sont appelées à conditionner la validation des PTSM à cette exigence.

Renforcer les collectivités face aux situations complexes

Errance, troubles du comportement dans l’espace public, isolement, addictions : les élus locaux sont de plus en plus confrontés à des situations mêlant précarité psychique et détresse sociale. Le plan prévoit de mieux outiller les collectivités – communes, intercommunalités, départements – pour faire face à ces enjeux. Un guide pratique national sera élaboré pour recenser les initiatives territoriales efficaces. Il s’accompagnera d’un renforcement des liens entre les Conseils locaux en santé mentale (CLSM) et les conseils locaux de sécurité (CLSPD), afin d’assurer une coordination entre les champs sanitaire, social, éducatif, et de sécurité.

Une présence renforcée dans les structures locales

Pour garantir une prise en charge de proximité, chaque maison de santé pluriprofessionnelle (MSP), CPTS ou service d’urgence générale devra accueillir un infirmier référent en santé mentale. Ces professionnels formés joueront un rôle de coordination entre la ville et l’hôpital, avec un ancrage territorial fort. Un enjeu clé pour éviter les ruptures de parcours.
Le plan prévoit également la cartographie nationale et le déploiement ciblé des équipes mobiles de crise et des centres d’accueil de crise, là où les besoins sont aujourd’hui non couverts. Les ARS seront incitées à combler ces manques avec des financements spécifiques.

Former, outiller, coordonner

La stratégie nationale mise sur une diffusion massive d’outils auprès des professionnels de terrain : médecins généralistes, personnels scolaires, travailleurs sociaux. Des kits de repérage du mal-être seront diffusés dans les établissements scolaires dès 2026, et un socle d’outils cliniques sera fourni aux médecins traitants pour mieux orienter leurs patients. Les collectivités, quant à elles, sont invitées à intégrer pleinement ces logiques dans leurs politiques locales.

En misant sur les territoires, le gouvernement reconnaît que la santé mentale ne peut plus être l’affaire de quelques spécialistes ou de structures isolées. Elle exige une mobilisation collective, une culture commune, et une capacité d’agir au plus près des besoins.