Covid-19 : mort de Patrick Devedjian, président de Hauts-de-Seine

Philippe Pottiée-Sperry
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Agé de 75 ans, Patrick Devedjian, le président du département des Hauts-de-Seine, hospitalisé après avoir été diagnostiqué positif au Covid-19, est décédé dans la nuit du 28 au 29 mars. Il est la première personnalité politique nationale de premier plan à être emportée par l’épidémie.

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Avocat de profession, ancien député des Hauts-de-Seine de 1986 à 2017, ancien maire d’Antony de 1983 à 2002, il était à la tête des Hauts-de-Seine depuis 2007.

Patrick Devedjian a également occupé plusieurs fonctions gouvernementales sous les quinquennats de Jacques Chirac et de Nicolas Sarkozy. Tout d’abord, en tant que ministre délégué chargé des libertés locales (2002 à 2004), très attaché à l’autonomie des collectivités territoriales, il pilota les lois de l’acte II de décentralisation dans le gouvernement Raffarin. Puis, en tant que ministre délégué à l’industrie (2004 à 2005) et ministre auprès du Premier ministre chargé du Plan de relance (2008 à 2010), suite à la crise financière mondiale et chargé d’un programme d’investissement de grande ampleur.

« Une métropole inclusive à l’échelle de la région »

Président de l’Établissement public d’aménagement de La Défense (EPAD) de 2007 à 2009, et président de l’Établissement public de gestion de La Défense (Defacto) de 2009 à 2018, il œuvra à la fusion des deux établissements pour créer l’Établissement public Paris-La Défense, dont il prit la présidence en janvier 2018. Convaincu de l’intérêt de mener une politique culturelle comme instrument de cohésion sociale et d’intégration, Patrick Devedjian fut notamment à l’initiative de la construction de La Seine Musicale à Boulogne-Billancourt et de Paris-La Défense Arena à Nanterre. Il portait également le projet de création du musée du Grand Siècle dans la caserne Sully à Saint-Cloud.

Président du syndicat Paris Métropole et co-président de la mission de préfiguration de la métropole du Grand Paris de 2014 à 2016, il était favorable à « une métropole inclusive à l’échelle de la région » et avait engagé une fusion avec le département des Yvelines. Il était, à ce titre, président de l’établissement public interdépartemental Yvelines/Hauts-de-Seine depuis sa création en 2017.

De très nombreuses réactions politiques

Les réactions politiques se sont multipliées, dès l’annonce de son décès le 29 mars. L’ancien président Nicolas Sarkozy salue « un homme passionné, entier, sincère, engagé ». Selon lui, « il incarnait la politique comme je l’aime, avec des sentiments, des convictions, du panache. Je suis fier de l’avoir eu à mes côtés ». Pour sa part, Gérard Larcher, le président du Sénat, évoque « un homme courageux et totalement dévoué à sa ville d’Antony et aux Hauts-de-Seine ».

Autre réaction de la part de Dominique Bussereau, président de l’Assemblée des départements de France (ADF) : « Avec Patrick Devedjian nous perdons un ami riche d’idées et de propositions, un talentueux défenseur de la décentralisation, un grand président de département qui continua, après Charles Pasqua et Nicolas Sarkozy, à faire des Hauts-de-Seine un laboratoire des innovations, des impossibles devenus possibles. Sa volonté d’unir son département avec les Yvelines aura été un de ses derniers grands projets ».

La présidente de la région Île-de-France, Valérie Pécresse, salue « une personnalité exceptionnelle par sa personnalité, ses convictions et son immense culture. Il a marqué de son empreinte à la fois son département des Hauts-de-Seine et le pays ». Xavier Bertrand, président de la région Hauts-de-France, souligne aussi son ancrage local : « A sa ville d’Antony et à son département des Hauts-de-Seine, il aura toujours voulu donner un temps d’avance ».

« Franc parler, humour, ancrage local »

Dans son hommage, le président Emmanuel Macron souligne que les derniers mots publics de Patrick Devedjian « furent pour les personnels soignants qui, jusqu’au bout, l’aidèrent à lutter contre le virus et pour les agents du département des Hauts-de-Seine, mobilisés au service de ses administrés ». Plusieurs personnalités politiques hors de son parti se sont aussi exprimées. La maire de Paris Anne Hidalgo a adressé ses « condoléances à son épouse et à sa famille. Je pense à nos amis Arméniens qui perdent aujourd'hui un de leurs frères ». L'ancien Premier ministre Manuel Valls (PS) souligne « son franc parler, son humour, son ancrage local ». Et d’ajouter : « Il était affectueux et d’une grande culture ». Pour sa part, le président de l'Assemblée nationale, Richard Ferrand, évoque sa « grande émotion à l'annonce du décès de Patrick Devedjian, (…), républicain engagé, esprit libre ».

P.P.-S.

Philippe Pottiée-Sperry
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