Déconfinement : Emmanuel Macron à l'écoute des maires
Emmanuel Macron a tenu, le 23 avril, une visio-conférence, durant près de quatre heures, avec 22 maires dont la plupart des présidents d’associations de maires. Son objet : la préparation du plan de déconfinement.
Ou du moins l'écoute par le chef de l'Etat des remarques et des attentes des élus. La plupart d'entre eux lui ont demandé la fixation de consignes nationales mais avec la possibilité d’être adaptées localement. Si le président de la République est apparu ouvert à un déconfinement « adapté aux territoires », il semble en revanche opposé à une stratégie par grandes régions.
Le plan gouvernemental doit être présenté dans le détail aux différentes associations d'élus locaux, lundi 27 avril, par Jean Castex, en charge de la stratégie de déconfinement auprès de l'exécutif. Le calendrier s'est accéléré ce week-end avec l'indication de l'annonce du plan de déconfinement par le Premier ministre, dès le lendemain 28 avril, à l'Assemblée nationale, suivie d'un vote des députés.
Demande de plus de clarté et de plus de souplesse
Selon Christophe Bouillon, le président de l’APVF (association des petites villes de France), « les élus présents [à la visioconférence du 23 avril] ont réclamé plus de clarté, plus de souplesse, plus de masques et plus de tests ». Le même a estimé, dans une interview à l’Express, que « l’Etat ne doit pas se défausser sur les maires sur les consignes sanitaires comme les masques ». Selon le président de l'APVF, « il faut qu'il y ait des consignes nationales, mais qu'ensuite elles puissent être adaptées ».
Réouverture des écoles
Parmi les sujets les plus sensibles abordés : la réouverture des écoles avec la demande de différences d’approches selon la taille des communes ou les régions. Emmanuel Macron a promis que cette rentrée serait « progressive, concertée avec les élus locaux et adaptée aux réalités locales ». Par ailleurs, il a souligné que ce retour à l’école dès le 11 mai vise à privilégier les élèves en décrochage scolaire et les enfants dont les parents sont déjà ou seront amenés à devoir retravailler (hors télétravail).
« Front uni entre l’État et les élus locaux »
Caroline Cayeux, présidente de Villes de France (association des villes moyennes) et maire de Beauvais, a insisté sur « l’engagement et la mobilisation des élus locaux dans la gestion de cette crise ». Elle a rappelé que le déconfinement était « un véritable défi qui nécessitait un front uni entre l’État et les élus locaux ». Cela doit passer tout d’abord, selon elle, par la définition d’une « doctrine nationale précise qui définisse les orientations et fixe la philosophie du déconfinement » qu’il s’agisse du port du masque ou de l’ouverture des services publics locaux.
Une adaptation territoriale
Villes de France a aussi plaidé pour la possibilité d’adapter les mesures au niveau territorial sachant que la situation sanitaire est différente d’un territoire à un autre. Comme l’AMF, qui a été la première association d'élus à remettre à Jean Castex, le 21 avril, sa contribution à la préparation du déconfinement, Caroline Cayeux estime que le couple maire/préfet devra être « en capacité de gérer au mieux la crise au niveau local en conservant quelques souplesses ».
Sur la même ligne, le président de l’AdCF (Assemblée des communautés de France) Jean-Luc Rigaut, maire d’Annecy et président du Grand Annecy, plaide aussi pour « un pilotage au plus près des territoires de ce chantier complexe, à partir d’un cadrage national bien défini » (consignes sanitaires applicables à tous). Son argument : l’interdépendance étroite des questions de réouverture des services publics (éducation, petite enfance, activités périscolaires…), de reprise progressive des activités économiques et d’organisation des mobilités.
Coordination assurée par les conférences des maires
L’AdCF préconise la préparation de plans territoriaux de déconfinement afin d’aborder de manière transversale l’ensemble des sujets à traiter. « Les conférences de maires seront, dans nos intercommunalités, un lieu de privilégié pour organiser les coordinations. Elles montrent actuellement tout leur intérêt et toute leur efficacité » a expliqué Jean-Luc Rigaut.
Le co-pilotage entre les préfets et les collectivités sera « l’une des clefs de la réussite, dans le respect mutuel des compétences et responsabilités de chacun ». Le président de l’AdCF s’est félicité « de l’écoute du président de la République et de sa volonté d’adapter les réponses à la diversité des territoires, dans une logique de co-construction Etat-collectivités ».
Une autre réunion sur le plan de relance
L’AdCF est convaincue que les responsabilités exercées par les intercommunalités (développement économique, transports et mobilités, gestion des déchets, transition écologique, développement social) seront « essentielles pour accompagner le déconfinement et contribuer à son succès ».
Enfin, sur les sujets de l'impact de la crise sur les finances locales et du plan de relance, notamment abordés par Jean-Luc Moudenc, président de France urbaine et maire de Toulouse, il a été indiqué qu'ils seront abordés lors d’une prochaine réunion avec le président de la République.
Philippe Pottiée-Sperry