L’absentéisme se stabilise mais la gravité des arrêts maladie s’envole

Philippe Pottiée-Sperry
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Sofaxis a dévoilé, début juillet, les premières tendances 2018 des absences au travail pour raison de santé dans les collectivités territoriales. Le taux d'absentéisme reste stable (9,8 %) pour la deuxième année consécutive malgré une baisse significative de la fréquence et de l'exposition. Autre enseignement important : la gravité des arrêts s'accroit très fortement, d'une part mécaniquement compte tenu de la diminution des arrêts courts en maladie, mais également par l'aggravation régulière de la durée des arrêts maladie les plus longs.

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Impact du retour du jour de carence

Le rétablissement du jour de carence a un effet direct sur les absences au travail pour raison de santé dans les collectivités. Selon Vincent Lelong, directeur général de Sofaxis, « l'étude montre clairement les impacts du jour de carence remis en vigueur le 1er janvier 2018. L'effet bénéfique sur les arrêts courts entraine une moindre désorganisation du travail. Mais cet effet est contrebalancé par un accroissement de la gravité des arrêts renforçant d'autant l'importance de la mise en œuvre de politiques de prévention et d'actions sur la QVT [qualité de vie au travail] »

Forte baisse de la fréquence des arrêts

L'étude révèle un taux d'absentéisme global de 9,8%, toutes natures d'absences confondues et de 9,2% hors maternité. Identique à l'an dernier, ce taux implique l'absence tout au long de l'année de plus de neuf agents sur un effectif de 100. Cette stabilisation intervient après une hausse continue depuis une dizaine d'année.Globalement stable ces dernières années, la fréquence des arrêts accuse une forte baisse qui s'établit à -19 % entre 2017 et 2018. Elle représente 58 arrêts pour 100 agents employés contre 72 l'an dernier. Selon Sofaxis, « ce chiffre est essentiellement impacté par le nombre d'arrêts en maladie ordinaire qui accuse une chute importante en baissant de 61 arrêts à 47 pour 100 agents alors que l'indicateur reste stable pour l'accident du travail, la longue maladie/longue durée et la maternité ».L'exposition, quant à elle, qui indique la proportion d'agents concernés par un arrêt au moins dans l'année, subit également une baisse relative de -9% en un an, passant ainsi de 45% à 41%.

Progression de la durée moyenne des arrêts

En progression régulière avec une hausse de 33 % en 10 ans, la gravité s'accentue fortement en 2018 avec une augmentation de 20 % entre 2017 et 2018. L’explication se trouve dans la forte progression de la durée moyenne d'arrêt en maladie ordinaire, sous l'effet du jour de carence.Les variations relatives à la maladie ordinaire, première cause d'absence au travail, impacte fortement les indicateurs globaux. Première nature d'absence au travail pour raison de santé, la maladie ordinaire concerne plus de 8 arrêts sur 10, près des 3/4 des agents absents, et concentre la moitié du taux d'absentéisme (52 %). La deuxième cause d'arrêt en 2018 reste l'accident du travail (service, trajet et maladie professionnelle) devant la longue maladie/longue durée et la maternité dont les indicateurs restent stables par rapport à 2017.P.P.-S.
(1) L’étude s’appuie sur un échantillon de 426 000 agents affiliés à la CNRACL, répartis dans 16 300 collectivités assurées pour toutes les natures d'arrêt (maladie ordinaire, maternité, longue maladie/longue durée et accident du travail). Le champ de l'étude est constitué de l'ensemble des arrêts de travail déclarés entre 2008 et 2018.
Philippe Pottiée-Sperry
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