Burnout, charge mentale, manque de reconnaissance : le cri des agents territoriaux

, mis à jour le 10/12/2025 à 16h03
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Une charge de travail écrasante et un risque de burnout bien réel

Pour la 2ème édition, le Baromètre national 2025 de la santé mentale des agents territoriaux mené conjointement par Moodwork, idealCO et la MNFCT avec la participation du syndicat SNSPP-PATS révèle une situation préoccupante : charge de travail excessive, risque élevé de burnout, déficit de reconnaissance, absentéisme pesant sur les équipes… Malgré un fort sentiment d’utilité, les agents interrogent la capacité des collectivités à mieux les soutenir.

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Le constat est inédit par son ampleur. La seconde édition du Baromètre national de la santé mentale des agents de la fonction publique territoriale, menée auprès de 6 116 agents entre juin et août 2025, éclaire sans détour un malaise professionnel profond des agents territoriaux confrontés à des exigences croissantes, à des métiers en mutation et à des tensions RH continues.

Une charge de travail écrasante et un risque de burnout bien réel

Près de la moitié des agents déclare subir une charge de travail excessive. « 46 % des répondants estiment avoir une charge de travail trop élevée régulièrement », souligne l’étude. Les femmes et les managers sont les plus exposés, avec respectivement 49 % et 55 %.
Cette surcharge se traduit logiquement par une montée de l'épuisement professionnel. Plus d’un tiers des agents présente des symptômes caractéristiques : « 42 % se sentent épuisés ou irrités à cause de leur travail plus d’une fois par semaine ». Un niveau particulièrement élevé pour les métiers d’encadrement et les catégories les plus exposées au contact direct avec le public.

Un débordement permanent sur la vie personnelle

Le baromètre met en lumière une porosité croissante entre vie professionnelle et personnelle. « 65 % des répondants pensent à leur travail le soir ou le week-end » et 39 % déclarent « travailler en dehors des horaires attendus ». La charge mentale dépasse donc largement le cadre du bureau et devient un facteur d’usure.
Reconnaissance : le chaînon manquant
L’un des enseignements les plus marquants tient au déficit de reconnaissance et de soutien hiérarchique. « 50 % des agents estiment avoir rarement du soutien de leur hiérarchie et 43 % déclarent recevoir rarement de la reconnaissance ». Les catégories C sont les plus fragilisées : elles sont 57 % à déclarer manquer de reconnaissance.
En contrepoint, le soutien entre collègues demeure solide : « La majorité des répondants perçoit un soutien régulier de la part de leurs collègues ». Un filet de sécurité relationnel devenu indispensable.

Un sentiment de risque pour la santé mentale

Un tiers des agents ressent un danger direct pour sa santé mentale sur son lieu de travail. « 34 % déclarent percevoir un risque pour leur santé mentale plus d’une fois par semaine ». Le chiffre grimpe fortement dans les catégories C, particulièrement exposées et moins bien soutenues par leur collectivité.
D’ailleurs, 56 % des agents estiment que leur collectivité ne se soucie pas suffisamment de leur bien-être.

Un paradoxe : le travail garde du sens

Malgré ce tableau sombre, un élément résiste : le sens au travail. « 75 % des répondants déclarent un niveau de sens élevé ou très élevé ». Les agents sont convaincus de l’utilité sociale de leurs missions. Le service public territorial reste un engagement fort, profondément ancré.

Absentéisme : un impact lourd et quotidien
L’étude révèle également que « 39 % des agents estiment que l’absentéisme a un impact négatif sur leur travail ». Une réalité qui se traduit par une surcharge pour les agents présents, nourrissant un cercle vicieux d’épuisement. Alors que les risques psychosociaux explosent, la formation reste trop marginale :
« Moins d’un tiers des agents déclare avoir reçu une formation aux RPS . Presque la moitié estime n’avoir reçu aucune sensibilisation de la part de leur collectivité. Une carence particulièrement préoccupante au regard des résultats globaux de l’étude.

Ce baromètre 2025 dessine un paysage contrasté : des agents épuisés, fragilisés, en quête de reconnaissance, mais toujours profondément attachés à leur mission de service public. Alors que les collectivités font face à des défis budgétaires et organisationnels, la santé mentale devient plus que jamais un indicateur stratégique. Un avertissement clair : prendre soin des agents, c’est prendre soin du service public.

 

Danièle Licata, rédactrice en chef Zepros Territorial, décrypte enjeux publics et collectivités. Forte de 20 ans en presse économique, elle rend accessibles les sujets complexes avec passion et engagement.
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