Les maires plaident pour une réouverture progressive des commerces
Sur le sujet sensible des commerces de proximité, le Premier ministre continue de recevoir beaucoup de courriers ! L’AMF lui en a envoyé un aujourd'hui 18 novembre pour lui présenter ses propositions afin de permettre une réouverture progressive des commerces.
Selon l’association, malgré toutes les mesures mises en place par les associations de commerçants et les collectivités (vente à distance avec retrait des commandes devant la porte du magasin, en drive ou en livraison, supports de vente en ligne pour chaque commerce ou pour l’ensemble du centre-ville…), « elles ne suffiront pas à sauver les commerçants, les artisans et les coeurs de ville ». Face à cette urgence, elle formule donc plusieurs propositions dont « une réouverture progressive des commerces non alimentaires, dont les librairies, fleuristes (sapins de Noël), salons de coiffure, secteur de l’habillement… qui sont en mesure d’appliquer un protocole sanitaire strict renforcé et d’accueillir à nouveau du public ».
Garantir une égalité de traitement entre les professionnels
L’AMF estime que le caractère progressif de cette réouverture permettrait d’étaler le retour des clients dans les commerces dans les semaines précédant Noël, et plus généralement dans la perspective des achats de fin d’année. Une telle mesure garantirait « une égalité de traitement entre les professionnels du secteur, une clarification des règles et une meilleure acceptation par tous ». Autres propositions : imposer la règle « des 4m² par client », voire de l’étendre, à tous les magasins ; intensifier l’accompagnement des commerçants et artisans à la transformation numérique… Par ailleurs, l’AMF demande que les solutions collectives de plateformes en ligne, portées depuis le début de la crise par les associations de commerçants, les collectivités et les chambres consulaires, soient aidées financièrement par l’Etat. A ce sujet, tout en saluant l’annonce du gouvernement d’une aide de 20 000 € par commune pour développer une plateforme locale de commerce en ligne, elle indique qu’elle « sera attentive aux modalités pratique du versement de cette aide, qui doit également être mobilisable par l’ensemble des communes qui ont déjà créé une plateforme ». Enfin, l’AMF plaide pour créer un cadre juridique sécurisant pour les communes et EPCI soutenant leurs commerces de proximité en leur apportant des solutions financières et matérielles.
« Trouver un compromis raisonnable »
De la même façon, Villes de France (villes moyennes) a envoyé, elle aussi, un courrier au Premier ministre pour lui demander de revoir sa position. L’association demande ainsi de « trouver un compromis raisonnable tant sanitairement qu’économiquement à un moment où les premiers résultats des mesures de couvre-feu et de confinement semblent confirmer leur efficacité ». Et de faire, comme l’AMF, des propositions pour parvenir à une réouverture plus rapide et plus sécurisée « un enjeu majeur pour les centres-villes à l’approche des fêtes de fin d’année ». Villes de France défend une réouverture des commerces le 27 novembre, jour du lancement du « Black Friday », car « il s’agit d’un week-end très important pour de nombreux commerces dont certains réalisent davantage de chiffre d’affaires que lors des soldes ». Cela pourrait se faire, selon eux, avec un protocole sanitaire encore plus strict grâce à une charte de bonnes pratiques sanitaires dénommée « CoVi-Responsable ».
Une charte de 10 engagements
Cette charte comprend 10 engagements liant les commerçants et les élus locaux pour assurer des conditions d’ouvertures des magasins dans le strict respect des exigences sanitaires. « Ce contrat de confiance permettrait d’envisager la réouverture en toute sécurité des commerces de proximité », estime Villes de France. Elle demande aussi de confier aux préfets le pouvoir de réouverture des commerces. Enfin, à plus long-terme, l’association suggère de réfléchir à une « stratégie nationale de territorialisation du commerce », en envisageant notamment « une meilleure équité fiscale entre tous les acteurs du commerce (e-commerce et commerce de proximité) ainsi que de nouvelles règles d’aménagement des entrepôts plus exigeantes ».
Une lettre ouverte de l’AMIF au Premier ministre
Autre initiative : l’AMIF (Association des maires d’Ile-de-France) a adressé, le 19 novembre, une lettre ouverte au Premier ministre pour dénoncer des mesures « qui vont à l’encontre du bon sens » et qui sont « rejetées par nos concitoyens (…) le maintien de certaines activités alors que d’autres doivent cesser, ne peut reposer que sur des raisons sanitaires crédibles. » Cette lettre ouverte est cosignée par plusieurs associations départementales de maires ainsi que par Philippe Laurent, président de Centre-Ville en Mouvement et secrétaire général de l’AMF. Les mesures du gouvernement sont jugées « illisibles et « injustes » et, selon les maires franciliens, elles « perturbent l’adhésion des citoyens à la lutte contre la propagation de la pandémie. »
L’AMIF adresse ainsi cinq propositions concrètes à Jean Castex afin de préserver les commerces de proximité : compensation intégrale des pertes pour les commerces de proximité ; mise en place d’un protocole sanitaire strict pour permettre la réouverture des commerces, avec un dispositif tel que des prises de rendez-vous ; réouverture des commerces de proximité dès le 27 novembre pour faire face aux promotions du « blackfriday » sur le commerce en ligne ; permettre aux communes et aux agglomérations d’attribuer des aides économiques directes aux commerces en difficulté ; donner des instructions d’assouplissement sur les procédures de contrôle de légalité aux préfectures et aux DDFIP s’agissant des initiatives des communes pour aider financièrement leurs commerces de proximité.
Les départements prenent le relais
La cinquantaine de présidents de département du Groupe Droite, Centre et Indépendants (DCI) de l’ADF (Assemblée des départements de France) ont également pris position en réclamant, eux aussi, la réouverture des commerces de proximité dès le 27 novembre. Ils constatent que « le lancement, par ceux qui le pouvaient, de services de « Click and Collect » ne suffira pas à renflouer leur trésorerie ni à leur faire tenir le choc ». Selon le groupe DCI, la date du 27 novembre et le week-end qui suit « sont d’autant plus cruciaux qu’ils marquent la tenue de la vaste opération promotionnelle Black Friday. Les commerçants de proximité subiront une injustice plus criante encore si seuls les commerces en ligne ont la possibilité d’en profiter ».
Philippe Pottiée-Sperry
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