
L’emploi territorial repart à la hausse

Avec 18 600 agents supplémentaires en 2023, la fonction publique territoriale regagne en effectifs, selon l’Insee. Mais cette reprise de l’emploi s’appuie davantage sur les contrats que sur les titularisations, prolongeant "les tendances à la précarisation, à la fragmentation du travail et au vieillissement de la pyramide des âges" avertit l'Insee.
On pourrait croire à un frémissement durable. L’emploi public territorial, à l’arrêt en 2022, repart à la hausse en 2023. C’est ce que révèle l’Insee dans sa dernière étude annuelle, publiée le 27 mai. Résultat : +18 600 agents en un an (+0,9 %), soit un total de 2,017 millions de personnes dans la fonction publique territoriale (FPT). Ce rebond s’inscrit dans une dynamique globale observée dans les trois versants de la fonction publique, avec 61 900 agents supplémentaires toutes catégories confondues (+1,1 %). Mais derrière ce chiffre encourageant, la réalité est plus nuancée.
Car la croissance repose d’abord sur les épaules du bloc communal, principal moteur de l’évolution. Communes, intercommunalités et structures associées concentrent désormais 77,2 % de l’emploi territorial. En 2023, elles ont recruté 11 000 agents supplémentaires, après une quasi-stagnation l’année précédente. Cette dynamique est largement tirée par l’emploi contractuel : un agent territorial sur quatre est aujourd’hui contractuel (25,3 %). Une part en constante progression, tandis que le nombre de fonctionnaires titulaires recule sensiblement : -9 400 agents en 2023, dont -1 % rien que dans les communes.
À cela s’ajoute un repli des contrats aidés, qui ne représentent plus que 1,2 % des effectifs territoriaux. Pourtant, la FPT reste le premier pourvoyeur d’emplois aidés dans la sphère publique, avec 23 600 bénéficiaires sur 28 700 au total.
Autre tendance de fond : le profil des agents territoriaux continue d’évoluer. La FPT se féminise toujours plus (61,5 % de femmes, avec des pics à 99,3 % dans les écoles maternelles), vieillit (âge moyen : 45 ans et 7 mois contre 43 ans et 9 mois pour l’ensemble de la fonction publique) et connaît une fragmentation croissante du temps de travail. En 2023, 21 % des agents travaillent à temps partiel ou non complet.
L’Insee observe également une hausse des postes de catégorie A (+3,8 %), au détriment des catégories B (+0,2 %) et C (+0,7 %), ce qui pourrait indiquer une montée en qualification, ou du moins une évolution dans les missions confiées aux collectivités.
Enfin, le solde des entrées/sorties reste positif : 223 800 arrivées contre 205 400 départs, soit un gain net de 18 400 agents. Un rebond, certes, mais qui interroge sur sa pérennité à l’heure où les tensions RH s’accumulent, les vocations se raréfient et les marges de manœuvre budgétaires des collectivités se resserrent.
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