106e congrès des maires : quand le mandat impacte la santé
L’ enquête « Être maire aujourd’hui Engagés, débordés, malmenés : quels effets sur la santé ? » pilotée par le Centre de sociologie des organisations (Sciences Po et CNRS) et soutenue par l’Association des maires de France et des présidents d’intercommunalité menée en 2024 auprès de 4 928 élus de France révèle l’ampleur des sacrifices personnels et les conséquences sur la santé des maires en exercice. Avec 83 % des élus estimant leur mandat usant, cette étude met en lumière les risques physiques et mentaux liés à une fonction de plus en plus exigeante.
Le mandat de maire, souvent perçu comme un engagement noble et gratifiant, cache des réalités moins reluisantes. Une enquête dirigée par Didier Demazière et Jérôme Pélisse, sociologues au CNRS et à Sciences Po, met en lumière les effets délétères de cette fonction sur la santé des élus. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 83 % des maires interrogés estiment que leur mandat est « usant pour la santé ». Troubles du sommeil (51%), fatigue chronique, et moments de lassitude (65 %) touchent la majorité des édiles, avec des pointes inquiétantes dans les petites communes.
Les maires, pris dans un tourbillon d’horaires atypiques et de responsabilités multiples, peinent à concilier leur fonction avec leur vie personnelle. Les soirées tardives, week-ends sacrifiés et pressions constantes font partie du quotidien de ces élus, souvent isolés face à leurs difficultés. 41,5 % des maires sondés travaillent fréquemment entre 20 heures et minuit, 47 % exercent leur fonction le samedi matin et 13,5 % sont sollicités le dimanche matin.
Cette flexibilité imposée empiète lourdement sur leur vie privée. 35 % des maires déclarent manquer souvent de disponibilité pour leurs proches, un chiffre qui grimpe à 54,5 % pour ceux qui disent être parfois confrontés à ce problème.
Un tabou persistant
Malgré ces constats, la charge mentale reste un sujet peu abordé, de peur de nuire à leur image ou de paraître incapables. 64,8 % des maires disent devoir souvent « penser à trop de choses à la fois », et 77,1 % estiment que « leur action n’est pas toujours efficace ». La pression est particulièrement forte dans les petites communes, où les moyens techniques et humains sont plus limités. Malgré ces défis, beaucoup trouvent dans leur rôle une source de fierté et d’utilité.
Une vocation mise à l’épreuve
Toutefois, l’équilibre reste précaire. Près de 45 % des maires ont envisagé de démissionner au moins une fois durant leur mandat, un chiffre qui atteint 49 % pour les communes de moins de 1 000 habitants. Les raisons sont multiples : surcharge de travail, tensions au sein des équipes municipales, ou encore attaques sur les réseaux sociaux.
Le mandat de maire, s’il reste une fonction valorisée, mérite une réflexion urgente sur les conditions de son exercice. Les sacrifices consentis par les édiles, en particulier en termes de santé, soulignent l’importance de leur rôle dans la démocratie locale. Pour prévenir une crise des vocations, il est indispensable d’offrir un soutien accru à ces acteurs essentiels de nos territoires.