, mis à jour le 23/05/2025 à 18h29

3 Minutes / 3 Questions dans les conditions du Direct

Patrick Pesquet
Maire de Saint-Jean-de-Folleville (76)
et 8e vice-président de Caux Seine Agglo
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« Il faut que chaque Français puisse un jour vivre l’expérience de l’engagement public"

Zepros Territorial vous emmène chaque semaine avec France Climat à la rencontre d’un élu de France. Un format direct, rapide et percutant pour découvrir les défis, réussites et visions de femmes et d’hommes engagés. Invité cette semaine, Patrick Pesquet, maire de Saint-Jean-de-Folleville (76) et 8e vice-président de Caux Seine Agglo. En 3 minutes chrono, il partage ses projets marquants, ses petites frustrations et ses grandes ambitions pour sa ville et son agglomération. Un échange sans détour, à ne pas manquer ! 

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Quel est le projet dont vous êtes le plus fier ?

Difficile de répondre tant les années ont été riches ! Je suis à mon cinquième mandat, ce qui laisse le temps d’en voir passer, des projets… Mais s’il faut choisir, je distinguerais deux niveaux. À l’échelle de ma commune, Saint-Jean-de-Folleville (76), je suis particulièrement fier des efforts menés pour améliorer le cadre de vie. Ce sont des aménagements concrets, qualitatifs, réalisés avec attention à l’environnement. Et au-delà de l’urbanisme, il y a eu un vrai travail d’accompagnement des dynamiques associatives du village, qui participent au lien social, à la vie locale.
À l’échelle intercommunale, dans le cadre de mon mandat à Caux Seine Agglo, c’est évidemment la planification qui constitue l’axe fort de mon engagement. Nous avons pu mener à bien des documents structurants comme le SCoT et le PLUi. Ce sont des chantiers techniques, longs, complexes, mais essentiels pour donner de la cohérence à l’aménagement du territoire. Et puis il y a l’accompagnement de projets industriels majeurs sur notre territoire. Sur ma commune, ce sont des implantations stratégiques : une usine de production d’hydrogène vert, un site de fabrication de bioplastiques à base de sucre (PLA), ou encore une unité de recyclage de plastiques portée par le groupe américain Eismann. Ce sont des investissements colossaux – jusqu’à un milliard d’euros – et une vraie opportunité de réindustrialisation. Le plus important, c’est que nous avons travaillé main dans la main avec les industriels sur les questions de formation et de reconversion des agents. Un pôle dédié a vu le jour, en lien avec l’Éducation nationale et les centres de formation. La planification, c’est ça : donner une vision d’avenir, mais aussi s’assurer que personne ne reste au bord du chemin.

Y a-t-il un projet qui vous laisse un goût d’inachevé ?

Oui, clairement. Ce qui me reste un peu en travers, c’est l’échec de la création d’une commune nouvelle, que nous avons tenté il y a une dizaine d’années. À l’époque, l’objectif était simple : unir plusieurs communes voisines pour peser davantage, renforcer notre solidité financière et anticiper les grandes évolutions à venir. C’était une démarche tournée vers l’avenir, une logique d’union pour se donner les moyens d’agir. Mais les logiques de clocher, les égos, les réticences à abandonner un nom ou une histoire ont été plus forts. On n’a pas su convaincre. C’est un échec collectif.
Avec le recul, je reste convaincu que c’était une bonne idée. La tendance à la fusion, amorcée il y a une douzaine d’années, a permis de véritables avancées. Mais chez nous, cette vague est passée sans nous. Ce projet-là aurait pu marquer un vrai tournant.

Qu’est-ce qui, selon vous, marquera votre mandat ?

Ce que je retiendrai, au-delà des réalisations concrètes, c’est l’expérience humaine que représente l’engagement d’élu local. C’est une aventure intellectuelle, relationnelle, citoyenne. J’ai été professeur de technologie tout en assurant ma fonction d’élu. Aujourd’hui retraité de l’Éducation nationale, je me consacre à temps plein à la vie publique. Et je peux le dire : c’est une fonction passionnante, mais exigeante. On touche à tout, du grand projet industriel à la petite demande d’un habitant, des relations avec les associations aux arbitrages budgétaires, des choix d’aménagement à la gestion du quotidien. Ce que je trouve dommage, c’est cette tendance à se plaindre. Être maire, ce n’est pas juste représenter sa commune. C’est s’engager, se former, être présent, " bouger ses neurones ", comme je le dis souvent. C’est un vrai métier. 

Ce sera mon dernier mandat : il faut savoir passer la main. Il y a quelques années, c’est l’ancien maire qui m’avait tendu la main en disant qu’il fallait du sang neuf. Aujourd’hui, c’est à mon tour de laisser la place. J’ai des projets personnels, familiaux, associatifs. Mais je reste convaincu d’une chose : chaque Français devrait pouvoir, un jour, faire l’expérience de cette fonction. On y découvre la complexité de la décision publique, mais aussi sa noblesse. Ce n’est pas de tout repos, mais c’est une aventure que je ne regrette pas un seul instant.
 

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