La conversion écologique de Macron : quid des collectivités ?
Leçon des résultats du premier tour, Emmanuelle Macron a donné un coup d’accélérateur écologique à sa campagne. Piochant généreusement dans les programmes des autres candidats, il plaide pour une « planification écologique ». Deux ministres y joueraient un rôle clé dont un chargé de la « planification écologique territoriale », en lien direct avec les collectivités.
« La politique que je mènerai dans les cinq ans à venir sera écologique ou ne sera pas ». En meeting à Marseille, le 16 avril, le président candidat a affiché « une nouvelle ambition » en tenant un discours entièrement dédié à l’écologie en enrichissant largement son programme sur le sujet. Tout en défendant son bilan, Emmanuel Macron a reconnu « que ça ne suffit pas ». Pour respecter les accords de Paris, « il faut aller deux fois plus vite que ce que nous venons de faire durant ces cinq années », a-t-il affirmé.
Voulant tirer les conséquences des résultats du premier tour, il a promis une nouvelle gouvernance plus écologique s’il est réélu et a, surtout, largement repris à son compte plusieurs propositions de ses adversaires du premier tour, Jean-Luc Mélenchon et Yannick Jadot, dont l’emblématique « planification écologique » défendue par le leader de la France insoumise. La mue du président sortant passe par la volonté de faire de la France en « grande nation écologique », qui serait « la première à sortir du gaz, du pétrole et du charbon ». Et d’attaquer son adversaire Marine Le Pen en la taxant de « climatosceptique ».
La « politique des politiques »
Pour ce « combat du siècle », Emmanuel Macron indique que le Premier ministre sera directement chargé de la planification écologique, « parce que cela concerne toutes les politiques ». Pour cette « politique des politiques », le Premier ministre s’appuierait sur « deux ministres forts », le ministre de la planification énergétique pour faire de la France « la première grande nation à sortir du gaz, du pétrole et du charbon » et un ministre chargé de la « planification écologique territoriale ».
La planification écologique signifiera d’abord de planifier une stratégie de sobriété énergétique en multipliant par dix la puissance solaire installée (des grands projets jusqu’aux projets de micro-solaire en milieu rural), en déployant 50 parcs éoliens offshores d’ici 2050, (40 gigawatts nouveaux), en établissant une stratégie hydrogène mais aussi en construisant six nouveaux réacteurs nucléaires.
Une « décentralisation massive »
Signe d’une approche moins verticale et plus en lien avec les collectivités, un second ministre serait chargé de la « planification écologique territoriale ». Sa mission : « organiser avec les élus locaux la transition environnementale dans chaque territoire, dans les régions, départements, métropoles, et jusqu’à l’échelle du canton ». Emmanuel Macron plaide pour « un agenda de confiance » dans le travail avec les élus locaux qui devra passer une « décentralisation massive ». Pas plus de précision pour l’instant. Il cite notamment les politiques à mettre en place en matière de mobilités décarbonées donnant l’exemple des « RER métropolitains » prévus par Marseille et la métropole.
Le président-candidat place « la planification territoriale » sous le signe du changement des moyens de déplacement au quotidien mais aussi en développant de nouvelles stratégies pour le fret ferroviaire et le fluvial. Il évoque ici « une stratégie de réinvention et de réaménagement des territoires de manière collective », le tout « en continuant de produire » car il ne se place pas dans une optique de décroissance.
Rénovation thermique de 700 000 logements par an
Autre priorité pour ce ministre de la planification écologique territoriale : la rénovation thermique de 700 000 logements par an sur les cinq prochaines années. L’agenda comprendra également la qualité de l’eau, de l’air ou encore de l’alimentation. Rappelant que la pollution de l’air cause chaque année 50 000 décès, il propose le lancement « immédiat » d’un « effort massif de purification de l’air » de tous les bâtiments publics en citant notamment les écoles, les hôpitaux ou les maisons de retraites. Ambitieux, il évoque des « premiers résultats avant la fin de cette année ».
Au registre alimentaire, il veut aller plus loin dans le développement des circuits courts et de produits bios, grâce notamment aux plans alimentaires territoriaux « que nous avons bâtis partout avec les départements ». Cela devrait permettre notamment d’avoir « une alimentation de qualité » dans la restauration collective et en particulier les cantines scolaires.
Planter 140 millions d’arbres d’ici 2030
En matière de biodiversité, Emmanuel Macron promet de protéger 30 % d’aires maritimes et terrestres. S’y ajoute l’objectif de planter, d’ici 2030, 140 millions d’arbres, ou de stopper, en trois ans, les 50 grandes décharges à ciel ouvert.
Pour sensibiliser aux enjeux environnementaux et alimentaires dorénavant, les élus déclineront « les objectifs nationaux dans leur commune, leur département, leur région, en bâtissant des solutions avec des compétences nouvelles et des investissements nouveaux ».
« Pour susciter une mobilisation générale de la Nation pour l’environnement », il propose également l’organisation chaque année d’une « fête de la nature », sur le modèle de la fête de la musique, autour des jardins, des paysages et de l’environnement. Elle pourrait se tenir le quatrième samedi de mai.