ZFE : l’expérimentation « Familles » met en lumière les fragilités sociales de la transition écologique

, mis à jour le 11/04/2025 à 14h54
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Cette étude met en lumière les réalités sociales d’une transition inégalement vécue

Si les deux amendements votés en faveur de leur suppression des des Zones à Faibles Émissions (ZFE) le 26 mars dernier lors des discussions sur le projet de loi de simplification en commission spéciale, sont actuellement débattus et soumis au vote de l'Assemblée nationale, une enquête menée de 2022 à 2024 sur trois territoires urbains, "Familles ZFE" portée par Auxilia révèle l’ampleur des vulnérabilités face à leur mise en œuvre des ZFE. Au-delà des considérations environnementales, ce travail met en lumière les réalités sociales d’une transition parfois inégalement vécue.
 

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Lancée dans les métropoles de Lyon, Limoges et La Rochelle, cette étude a accompagné 51 ménages en situation de précarité dans la découverte et l’expérimentation de solutions de mobilité alternatives à la voiture individuelle. Objectif : mieux comprendre les freins sociaux, économiques et pratiques à l’abandon des véhicules anciens interdits dans les ZFE. Les diagnostics territoriaux ont révélé quatre grands types de zones à risques, où se cumulent dépendance à l’automobile, précarité économique, éloignement des services et faible accessibilité aux transports en commun.
Les résultats sont sans appel : les ménages les plus modestes sont aussi ceux qui possèdent le plus souvent des véhicules anciens, potentiellement exclus des ZFE, tout en habitant dans des zones mal desservies. L’étude pointe également l’importance de mieux intégrer les communes situées en périphérie des ZFE dans les politiques publiques, car nombre de leurs habitants y travaillent ou y étudient.

Des solutions de mobilité qui peinent à convaincre malgré l’accompagnement

Pendant plusieurs mois, les participants ont testé une palette de solutions alternatives (vélos, bus, autopartage, covoiturage…). Si l’accompagnement personnalisé – via diagnostics, conseils et abonnements gratuits – a permis à certains d’adopter durablement de nouvelles pratiques, les freins restent nombreux : peur du vélo en ville, horaires de transport inadaptés, absence d’une application unique pour gérer les différents services…
Certaines expérimentations ont toutefois porté leurs fruits. À La Rochelle, un ménage a cessé de louer une voiture après avoir testé l’autopartage, réalisant une économie de 400 € par mois. D’autres ont salué la simplicité d’un abonnement aux transports en commun, souvent méconnu ou jugé inaccessible. Mais dans l’ensemble, le rapport met en évidence le besoin de renforcer l’offre, de mutualiser les services et de développer des guichets uniques pour accompagner réellement les publics en transition.

Prendre en compte la justice sociale dans la planification écologique

L’étude "Familles ZFE", soutenue notamment par l’ADEME, le Laboratoire de la Mobilité Inclusive, les collectivités locales et divers opérateurs, recommande d’intégrer systématiquement une évaluation sociale approfondie à toute politique de régulation automobile. Les chercheurs soulignent l’importance d’une coopération entre acteurs de la mobilité, du social et des territoires, au-delà des seules frontières administratives.
La méthodologie qualitative employée par Auxilia – entretiens, diagnostics territoriaux, suivi personnalisé – a permis de révéler des dimensions souvent ignorées des politiques climatiques. 

Méthodologie : 

L’exploration a été menée entre mars 2022 et décembre 2024 auprès de 51 ménages répartis sur trois territoires. L’analyse repose sur des diagnostics territoriaux, des entretiens individuels, un accompagnement mobilité personnalisé et le test de plusieurs solutions alternatives de transport.
 

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