Les élus locaux, jardiniers de la transition écologique

, mis à jour le 08/07/2025 à 16h55
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La gestion des sols, une priorité stratégique

Si 93 % des collectivités reconnaissent l’importance des sols urbains, seules 33 % en font une priorité réelle. La 17e enquête de l’Observatoire des villes vertes dévoile un fossé préoccupant entre prise de conscience et action concrète. Freins budgétaires, pression foncière, manque d’expertise : les sols, pourtant essentiels à la résilience des villes, peinent encore à s’imposer comme un levier stratégique.

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À l’heure où les villes cherchent à s’adapter aux effets du changement climatique, les sols urbains sont plus que jamais au cœur des enjeux. Éléments essentiels à la biodiversité, à la régulation des eaux pluviales et à la végétalisation, ils sont plébiscités à 93 % par les décideurs locaux… mais restent relégués dans les faits. Seule une collectivité sur trois intègre leur gestion dans ses priorités stratégiques. La croissance des végétaux est bien identifiée comme un objectif-clé (80 % des collectivités), mais les fonctions moins visibles – biodiversité souterraine, qualité biologique – peinent à s’imposer.
Et pour cause : les freins sont nombreux. La moitié des répondants citent des contraintes budgétaires ou foncières, tandis que 40 % pointent un déficit d’expertise technique. Moins d’un quart des communes ont recours à des diagnostics ou cartographies de sols. Quant au suivi de la biodiversité souterraine, il ne concerne que 13 % des collectivités. Cette “vie du sol”, pourtant capitale pour des espaces verts durables, reste un angle mort.

Des villes pionnières, mais un cadre encore trop flou

Malgré ces lacunes, certaines communes ouvrent la voie. À Reims, le programme “Reims Nature” promet un espace vert à moins de 300 mètres de chaque logement. À Royan, une ancienne décharge a été transformée en mini-forêt, et Grenoble reconvertit des voies routières en bosquets expérimentaux. Ces exemples montrent que des solutions existent… à condition d’avoir les moyens de les mettre en œuvre.
Selon Anne Marchand, co-présidente de l’Observatoire des villes vertes, la clé réside dans le diagnostic pédologique et le développement de compétences spécifiques. Pourtant, 83 % des villes interrogées ignorent encore l’existence de QUBS, une plateforme d’observation de la biodiversité des sols. “Le sol doit devenir un pilier de la stratégie urbaine, au même titre que l’énergie ou l’eau”, insiste Laurent Bizot, également co-président de l’Observatoire.

La désimperméabilisation, le paillage ou les engrais naturels sont aujourd’hui bien ancrés dans les pratiques. Mais pour transformer les villes en écosystèmes résilients, il faudra aller plus loin. Un quart des villes ne réalise toujours aucun apport de compost, et 6 % n’ont aucune mesure dédiée à la biodiversité des sols. Un constat qui souligne l’urgence de doter les collectivités d’un cadre réglementaire et financier plus structurant.

 

 

Danièle Licata, rédactrice en chef Zepros Territorial, décrypte enjeux publics et collectivités. Forte de 20 ans en presse économique, elle rend accessibles les sujets complexes avec passion et engagement.
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