Logement : une demande qui explose... une offre en panne
Après Construire où ? Pas !, Habiter Où ? Pas ! est le second volet du diptyque consacré par IDHEAL aux marchés locaux du logement. L’étude révèle un marché sous haute tension avec des déséquilibres marqués entre l’offre et la demande à l’échelle locale. Des pôles urbains saturés aux littoraux en surchauffe, en passant par des territoires en sous-demande, cette analyse bouscule les idées reçues et propose des pistes pour rééquilibrer le marché.
Il n’y a pas un marché du logement mais des marchés, comme il n’ya a pas une crise mais des crises car tous les marchés du logement en France ne se ressemblent pas. C’est ce que révèle l’étude menée par IDHEAL (L'institut des Hautes Etudes pour l'Action dans le Logement), en collaboration avec la plateforme leboncoin qui met en lumière les territoires où l’offre et la demande de logements peinent à se rencontrer. Pour la première fois, la tension immobilière est abordée par la demande de logements telle qu’elle s’exprime sur le marché de la vente et de la location. Et contrairement aux idées reçues, la tension ne se limite pas aux grandes métropoles.
En analysant les prises de contact des internautes avec les vendeurs et bailleurs, l’étude révèle des zones de forte sur-demande, notamment dans les grands pôles urbains (Paris, Lyon, Marseille), mais aussi dans des secteurs moins attendus comme le Pays basque, le sud de la Bretagne ou encore l’Alsace-Lorraine. Des villes moyennes (Bordeaux, Ajaccio, Castres, Périgueux) affichent également un déséquilibre notable entre l’offre et la demande.
En parallèle, l’étude met en évidence des territoires en sous-demande, souvent assimilés à la « diagonale du vide », mais qui s’étendent en réalité bien au-delà. De Fécamp à Sigean, en passant par Chartres, Montluçon ou le Morvan, certains secteurs peinent à attirer de nouveaux habitants malgré un parc de logements disponibles.
L’achat et la location : deux cartes aux réalités contrastées
Si la sur-demande en achat concerne majoritairement les grandes métropoles et certaines villes attractives, celle en location se concentre sur les littoraux et les zones touristiques. L’essor des résidences secondaires et des locations meublées de courte durée y accentue la pénurie de biens accessibles aux résidents permanents.
Autre phénomène marquant : des territoires en tension sur les deux marchés, à l’achat comme à la location. Bordeaux, Angers, Angoulême, ainsi que certaines villes littorales ou transfrontalières (Annecy, Strasbourg, Metz) en sont les exemples les plus frappants.
Peut-on rééquilibrer le marché du logement ?
Face à ces déséquilibres, IDHEAL propose deux pistes d’action :
- Un zonage des tensions plus précis : actuellement, les politiques publiques s’appuient sur des zonages parfois inadaptés, ignorant des tensions locales réelles. L’étude suggère d’intégrer des critères plus fins pour mieux cibler les aides à l’investissement locatif, l’encadrement des loyers ou les politiques fiscales.
- Un choc d’offre mieux calibré : pour détendre les marchés en surchauffe, faut-il privilégier la construction neuve ou réhabiliter les logements vacants ? Les simulations de l’étude montrent qu’un apport de 2,8 % de logements vacants remis sur le marché permettrait de corriger davantage de situations de sur-demande que la construction neuve.