
Les maires jettent l’écharpe : un signal d’alerte à moins d’un an des municipales

Selon une étude de l’AMF et du CEVIPOF publiée ce 19 juin, 2 189 maires ont démissionné depuis 2020, un chiffre record qui révèle la fragilité croissante de la fonction. Fatigue, tensions politiques, santé : les raisons sont multiples et inquiètent à moins d’un an des municipales.
C’est un phénomène sans précédent dans l’histoire municipale française. D’après l'enquête conjointe qui s'appuie sur les données du Répertoire national des élus (RNE), complétées par la presse régionale et des témoignages directs, menée par l’Association des maires de France (AMF) et le CEVIPOF/Sciences Po, 2 189 maires ont quitté leurs fonctions depuis les dernières élections municipales de 2020.
En moyenne, plus d’un maire démissionne chaque jour. La tendance s’est particulièrement accélérée à mi-mandat, avec un pic enregistré en 2023 (613 démissions). En tout, près de 6 % des maires élus en 2020 ont quitté leur poste.
Si les petites communes demeurent les plus touchées en volume, ce sont les communes de 1 000 à 3 500 habitants qui enregistrent la plus forte progression relative de démissions. L’usure du pouvoir local ne se limite plus aux très petites municipalités.
Un mandat atypique et éprouvant
Il faut dire que le mandat 2020-2026 restera singulier. Il a débuté sous pandémie, s’est poursuivi dans un climat d’instabilité politique, et s’achève sous fortes tensions budgétaires. Ce contexte n’a fait qu’exacerber les fragilités de la fonction.
Trois causes principales de démission se dégagent de l’enquête :
• des tensions internes au sein des conseils municipaux (30,9 %),
• des passations de pouvoir anticipées dès le début de la mandature (13,7 %),
• des problèmes de santé, physique (13,1 %) ou mentale (5,1 %).
Fait marquant : 53 % des démissionnaires étaient maires pour la première fois, signe que l’engagement initial laisse souvent place à une profonde déception.
Un enjeu démocratique
Contrairement à une idée reçue, les violences physiques ou symboliques, bien que préoccupantes, ne constituent qu’un facteur marginal de démission. Moins de quarante cas ont pu être reliés à des menaces ou agressions. Mais ces violences contribuent à créer un climat anxiogène général.
L’étude met également en évidence une différenciation géographique : rapporté au nombre total de communes, ce sont les communes de plus de 10 000 habitants qui présentent le taux de démission le plus élevé (11,5 %), contre 5 % pour celles de moins de 500 habitants.
À l’heure où s’élaborent les programmes des futures municipales, l’AMF et le CEVIPOF appellent à un sursaut politique. Ils plaident pour une adoption rapide du texte sur le statut de l’élu local, actuellement en discussion au Parlement, afin de garantir de meilleures conditions d’exercice du mandat.
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