, mis à jour le 22/10/2025 à 17h34

3 minutes / 3 questions dans les conditions du direct

Anne Terlez
Première adjointe au maire de Louviers (27)
vice-présidente de l’Agglomération Seine-Eure et du Conseil départemental de l’Eure
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" La mutualisation de la régie municipale de restauration, ma grande fierté"

Zepros Territorial vous emmène chaque semaine avec « Place des élus », premier réseau social dédié aux élus et aux acteurs locaux, à la rencontre d’un élu de France. Un format direct, rapide et percutant pour découvrir les défis, réussites et visions de femmes et d’hommes engagés. Invitée cette semaine, Anne Terlez, Première adjointe au maire de Louviers (27), vice-présidente de l’Agglomération Seine-Eure et du Conseil départemental de l’Eure. En 3 minutes chrono, elle partage ses projets marquants, ses petites frustrations et ses grandes ambitions pour sa ville et son agglomération. Un échange sans détour, à ne pas manquer !

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Quel est le projet dont vous êtes la plus fière à Louviers ?

Sans hésiter, la mutualisation de la régie municipale de restauration. C’est un projet qui illustre à la fois l’innovation, la solidarité et l’efficacité du service public. Quand je suis arrivée en 2014, la régie produisait environ 1 200 repas par jour. Aujourd’hui, grâce à une mutualisation horizontale, nous en préparons 3 600 chaque jour pour une vingtaine de communes du territoire Seine-Eure : les écoles, les crèches, les centres de loisirs et les seniors. Nous avons profondément transformé notre modèle d’approvisionnement. Avant même la loi Egalim, nous avons introduit des produits locaux et bio dans nos menus. Aujourd’hui, plus de 60 % des denrées sont issues du territoire et 25 % sont bio. Cela demande un vrai travail de structuration des filières locales : nous travaillons directement avec des producteurs de légumes, de légumineuses ou encore des exploitations maraîchères de proximité.
Cette approche vertueuse est aussi économiquement performante : le coût du repas, tout compris, reste maîtrisé autour de 4,10 €, avec seulement 1,70 € de coût denrées. L’inflation, le Covid ou les crises d’approvisionnement ont eu un impact, mais bien moindre qu’ailleurs, car nous n’avons pas de surcoûts liés au transport ou à la logistique industrielle. C’est donc une politique à la fois écologique, économique et sociale, qui bénéficie directement aux habitants et à l’économie locale.

Y a-t-il un projet qui vous laisse un goût d’inachevé ?

Oui, plusieurs projets qui avancent trop lentement malgré leur importance. Le premier concerne la rénovation énergétique et l’accessibilité de notre résidence autonomie. Cela fait six ans que nous travaillons sur ce dossier, mais entre les études, les appels à subvention et l’empilement des normes, le chantier ne commencera qu’en 2026. C’est frustrant de constater à quel point les délais administratifs freinent des projets pourtant essentiels pour le bien-être de nos aînés.
Autre sujet : les énergies renouvelables. Nous portons, à l’agglomération, un projet de parc photovoltaïque sur d’anciennes carrières inutilisables. Mais là encore, les injonctions paradoxales de l’État rendent les choses très complexes : d’un côté, on nous demande d’accélérer la production d’énergie verte, de l’autre, les contraintes environnementales ou hydrauliques bloquent les dossiers.
Quant à l’éolien, un projet prêt à démarrer a été abandonné sous la pression d’associations nationales opposées à toute installation, alors même que nous avions trouvé un développeur et mené les études nécessaires. Ce type de blocage est démoralisant pour les élus locaux, car il illustre le fossé entre la volonté politique de transition et la réalité du terrain.

Quelles sont vos priorités pour le prochain mandat ?

Trois urgences s’imposent : le changement climatique, le vieillissement de la population et le logement.
D’abord, l’adaptation au changement climatique. Notre territoire est déjà impacté : inondations, sécheresses, tensions sur les ressources. Nous devons renforcer la résilience du territoire, à travers une politique cohérente d’aménagement, d’urbanisme et de transition énergétique.

Ensuite, l’accompagnement du vieillissement. C’est un sujet majeur, presque une bombe démographique. Dans l’Eure, il manque déjà 300 équivalents temps plein dans l’aide à domicile, et 1 000 supplémentaires seront nécessaires d’ici 2030. Il faut structurer un véritable parcours résidentiel entre le domicile, les résidences autonomie et les logements adaptés, pour permettre aux seniors de vieillir chez eux dans de bonnes conditions. Nous avons lancé un guide du parcours résidentiel à l’échelle du département, pour aider les maires à créer des solutions adaptées et éviter les projets purement spéculatifs.

Enfin, le logement, qui reste la grande oubliée des politiques publiques. C’est pourtant la première dépense contrainte des ménages, parfois jusqu’à 40 % du budget. Relancer la construction et la rénovation, c’est indispensable. Nous devons remettre de l’argent sur les aides à la pierre, soutenir le logement social et encourager des formes d’habitat innovantes, notamment pour les jeunes.
Nous réfléchissons, à Louviers, à réhabiliter un ancien bâtiment de résidence autonomie pour en faire un petit collectif destiné aux jeunes actifs, avec des loyers accessibles et un accompagnement sur mesure.
Tout cela, c’est une même philosophie : adapter nos territoires aux transformations sociales, écologiques et démographiques, sans jamais renoncer à l’ambition du service public.
 

Danièle Licata, rédactrice en chef Zepros Territorial, décrypte enjeux publics et collectivités. Forte de 20 ans en presse économique, elle rend accessibles les sujets complexes avec passion et engagement.
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