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« La place déterminante des réseaux de chaleur décarbonés »

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Tribune de Laurent Monnet, président du SMIREC

Tribune de Laurent Monnet, président du SMIREC (Syndicat mixte des réseaux d’énergie calorifique) (1). Également maire adjoint à la Transformation écologique de Saint-Denis, il y défend le rôle des réseaux de chaleur pour répondre à l’urgence environnementale et sociale.

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Alors que les dirigeants mondiaux, réunis pour la COP27, ont une fois de plus échoué à se mettre d’accord sur une sortie effective des énergies fossiles et que le Parlement français est amené à se prononcer sur le développement des énergies renouvelables, des mesures pérennes sont nécessaires pour permettre une vraie planification écologique, avec en particulier, un soutien renforcé au développement des réseaux de chaleur verts, projet vertueux pour les citoyens et pour l’environnement, trop souvent négligé. 
Dans un contexte d’urgence énergétique et climatique, décarboner la production de chaleur est en effet déterminant pour l’avenir de nos territoires. Acteurs sur un territoire urbain, dense et populaire de Seine-Saint-Denis, nous savons depuis longtemps déjà que la question environnementale est aussi une question sociale. Et aujourd’hui plus que jamais, notre responsabilité nous engage à accélérer le déploiement de réponses vertueuses, locales et durables. 

Les réseaux de chaleur, un levier de résilience énergétique 
Régulièrement absente des débats sur l’énergie, la chaleur, produite à plus de 50% à partir d’énergies fossiles, représente près de la moitié des consommations énergétiques nationales. Délaissés par le projet de loi d’accélération des énergies renouvelables, les réseaux de chauffage urbains confirment pourtant, avec la crise, le caractère résilient de leur modèle de développement. 
Ces réseaux de chaleur constituent en effet le moyen le plus efficient de mobiliser massivement, dans les territoires urbains denses, des énergies à la fois renouvelables et locales, comme le bois, la géothermie, la chaleur solaire, la valorisation des déchets ou encore la récupération de la chaleur des datacenters ou des usines, garantissant ainsi des prix et des approvisionnements plus stables et mieux maîtrisés que ceux des énergies fossiles. 
Accélérer le développement d’une production de chaleur et de froid plus renouvelable et plus locale, en raccordant des bâtiments existants actuellement chauffés au fuel ou au gaz fossile mais aussi bien sûr les nouvelles constructions, est donc crucial pour répondre à l’ambition environnementale tout en mettant nos populations à l'abri des fluctuations erratiques et exorbitantes des marchés. 

Augmenter le Fonds chaleur pour des réseaux encore plus vertueux 
Avec près de 800 réseaux de chaleur en service, la France dispose incontestablement d’un savoir-faire dans le domaine. Mais, avec moins de 5% de la chaleur produite au niveau national, cette contribution efficace à la transition énergétique reste très en deçà de ce que font nombre de nos voisins européens et très insuffisamment exploitée comme le soulignait en septembre 2021 un rapport de la Cour des comptes. 
Des outils existent pourtant et les collectivités, laboratoires d’idées, savent s’en saisir. Le Fonds chaleur de l’Ademe, véritable accélérateur de projets depuis 2009 pour relocaliser et décarboner notre production de chaleur, en est un. Le président de la République s’était engagé à le porter à 1 Md€ lors de la dernière campagne présidentielle. Il n’est pourtant aujourd’hui doté que de 520 M€, comme le rappelle l’Amorce, dans une lettre adressée à la Première ministre
Sans une augmentation conséquente de ce Fonds chaleur, le projet de loi de finances 2023 n’est pas à la hauteur des ambitions affichées mais surtout des nécessités pour une sortie rapide des énergies fossiles. Une augmentation de 50% de l’enveloppe du Fonds de chaleur d’ici 2024 sera déterminante pour maintenir les projets des collectivités, développer de nouvelles actions et accélérer la décarbonation de la chaleur et la transition énergétique du pays. 

Biogaz, une solution pour décarboner la chaleur 
Parmi les multiples solutions de décarbonation du mix énergétique des réseaux de chaleur, il est nécessaire de soutenir le biogaz issu de la méthanisation de matières organiques, disponible localement et qui présente de nombreux atouts. Outre le fait qu'il permet de maintenir en exploitation des chaudières à gaz souvent récentes et de profiter d'un réseau déjà en place, il valorise une solution vertueuse de gestion locale de nos biodéchets avec les impacts économiques et sociaux associés. 
Mais pour que les collectivités puissent pleinement remplir leur rôle de moteur de la transition énergétique vers le biogaz, qu'elles se protègent ainsi que ses habitants des comportements des marchés de l’énergie, il est essentiel que le code des marchés publics leur permette de signer des contrats d'approvisionnement à long terme avec ces producteurs de gaz verts (et plus généralement d’EnR) locaux. 

Les solutions existent
Les solutions sont donc à disposition mais il faut aujourd’hui un soutien accru de l'Etat et des modalités d’intervention facilitées pour les collectivités dans les projets de production d’EnR. Dans le contexte de crises multiples que nous traversons, les réseaux de chaleur et de froid constituent indiscutablement un levier puissant pour atteindre la neutralité carbone, la stabilisation des coûts pour leurs usagers, la souveraineté énergétique du pays mais aussi pour favoriser l'emploi local. 
Il est grand temps de leur donner les moyens d'accélérer leur développement vertueux pour l’environnement. 

(1) Le SMIREC (Syndicat mixte des réseaux d’énergie calorifique) développe depuis plus de 40 ans des énergies vertes. Il est aujourd’hui alimenté à plus de 55 % d’énergies renouvelable et de récupération, grâce à des chaufferies biomasse, une chaudières Biogaz, un doublet géothermique, la récupération de la chaleur de datacenter et de panneaux photovoltaïques. Soit une quantité d’EnR, produites sur le territoire, multipliée par 8 en 10 ans. 
Deuxième réseau de chaleur d’Île-de-France et quatrième de France, le SMIREC alimente en chauffage et eau chaude sanitaire 68 0000 équivalents logements sur les territoires de La Courneuve, Saint-Denis, Stains, Pierrefitte, l’Ile Saint-Denis, Aubervilliers, Epinay-sur-Seine et Villetaneuse aux côtés des offices Plaine Commune Habitat et Seine-Saint-Denis Habitat et de l’EPT Plaine Commune.

 

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