Recul du trait de côte : des maires au front sans bouée de secours
Face à l’érosion et à la montée des eaux, les élus littoraux rassemblés lors du 107ème congrès des maires, dénoncent leur isolement. Entre responsabilités juridiques, manque de moyens et urgence climatique, tous appellent à la solidarité nationale.
« Les maires sont seuls au monde » lance Dominique Cap, maire de Plougastel-Daoulas, président de l'association des maires du Finistère et coprésident du groupe de travail Littoral de l'AMF. Le constat, porté avec force lors d’une rencontre organisée autour du recul du trait de côte, résume le sentiment général des communes littorales : elles affrontent une crise majeure sans les outils nécessaires.
Le Cerema, établissement public spécialisé dans l’expertise environnementale, y a rappelé l’ampleur du phénomène : 20 % du littoral français recule, avec près de 2 millions de personnes exposées au risque de submersion marine.
Les projections inquiètent. À l’horizon 2050, 5 000 logements et 1 400 locaux d’activité pourraient être détruits, pour près d’un milliard d’euros de valeur vénale, sans même compter les pertes économiques liées aux activités locales. Et si rien n’est fait, le scénario de 2100 évoque jusqu’à 100 milliards d’euros de biens impactés.
Mais au-delà des chiffres, ce sont les témoignages qui frappent. Des élus de Polynésie, de Mayotte, de la Martinique, de La Réunion et de métropole décrivent la même réalité : urgence, relogements forcés, ouvrages à financer, population à rassurer, et surtout un flou juridique. Les communes doivent protéger un littoral… qui appartient à l’État. Elles investissent dans des ouvrages coûteux, souvent voués à devenir domaine public maritime à mesure que la mer avance.
D’où un appel unanime : un fonds national dédié, pérenne et à la hauteur. Car défendre le littoral n’est pas un enjeu local, rappellent les élus. « Le patrimoine de nos littoraux est un patrimoine national » rappelle Jean-Charles Orsucci, maire de Bonifacio (Haute-Corse) et président de l'Association nationale des élus des littoraux (ANEL). La solidarité, désormais, ne peut plus être optionnelle.