Transition énergétique : quand les territoires reprennent la main
Dans le cadre des ateliers - débats, le Think Thank Équilibre des Énergies (EdEn) présidé par Dominique Bussereau, ancien ministre, avec Brice Lalonde président d’honneur, a reçu Karim Bouamrane, maire de Saint-Ouen-sur-Seine et vice-président du conseil départemental de la Seine-Saint-Denis. Le thème : « Collectivités locales : les leviers opérationnels de la transition énergétique ». Résumé des échanges : dans un contexte d’instabilité politique et de complexité administrative croissante, les collectivités locales apparaissent plus que jamais comme les moteurs concrets de la transition énergétique. Tous les participants, élus, experts et acteurs économiques ont esquissé les voies d’une écologie pragmatique, sociale et territorialisée.
À l’heure où le débat national semble enlisé, les collectivités territoriales continuent d’avancer, souvent dans l’ombre, sur les sujets de rénovation énergétique, de mobilité, de logement et de pouvoir d’achat. C’est tout le sens des échanges organisés par Équilibre des énergies, qui ont mis en lumière le rôle central des maires et des intercommunalités dans la transformation écologique du quotidien.
Pour Karim Bouamrane, maire de Saint-Ouen-sur-Seine, l’écologie n’est plus un marqueur idéologique mais une réponse très concrète aux préoccupations des habitants : mieux se chauffer, mieux se déplacer, mieux se nourrir. « Aujourd’hui, l’écologie est transpartisane. Elle se mesure à l’aune du confort de vie et de la justice sociale », souligne-t-il, rappelant que ce sont les classes populaires qui subissent de plein fouet la fracture énergétique.
L’exemple du Grand Paris illustre cette capacité d’action locale lorsque la volonté politique est au rendez-vous. Métro automatique, géothermie, rénovation urbaine : autant de projets structurants qui montrent qu’une transition ambitieuse est possible, à condition de penser logement, mobilité et qualité environnementale de manière intégrée.
Rénovation, financements, mobilité : sortir du labyrinthe
Mais l’action locale se heurte à un obstacle majeur : la complexité des dispositifs nationaux. Rénovation énergétique des copropriétés, MaPrimeRénov’, certificats d’économies d’énergie… Les outils existent, mais leur empilement décourage élus comme habitants. « Il est parfois plus simple de payer que de remplir les dossiers », résume le Président Dominique Bussereau, pointant une bureaucratie qui éloigne les citoyens de l’action publique. Face à ce constat, les participants ont plaidé pour une montée en puissance des collectivités comme chefs d’orchestre : accompagnement des ménages, mutualisation des démarches, ingénierie financière locale. L’idée d’accords-cadres territoriaux, permettant de sécuriser les financements et de lutter contre l’éco-délinquance, a notamment fait consensus.
Même logique sur les mobilités et l’électrification des usages. Si l’objectif est partagé, son financement ne peut reposer sur les seules communes. Métropoles, intercommunalités et partenariats public-privé apparaissent comme des leviers indispensables pour déployer bornes de recharge, transports collectifs et solutions décarbonées sans asphyxier les budgets locaux.
Au fil des échanges, un message s’est imposé : la transition énergétique ne se décrète pas depuis Paris. Elle se construit dans les territoires, au plus près des réalités sociales et économiques. À condition de redonner aux élus locaux les moyens, la lisibilité et la stabilité nécessaires pour agir durablement.