Capacités inégales des petites villes à absorber le choc de la crise sanitaire
L’Association des petites villes de France (APVF) et La Banque Postale Collectivités Locales ont publié récemment la 6ème édition de « Regard financier sur les petites villes ». Décrivant pour elles une situation plutôt saine fin 2019, l'étude porte sur les 4085 villes comprises entre 2500 et 25 000 habitants qui totalisent 26,3 millions d’habitants.
Elle confirme, avec une progression de l’épargne de 3,8 % en euros par habitant, la poursuite de l’amélioration de la situation financière des petites villes en 2019, qui résulte en partie d’une maîtrise de leurs dépenses de fonctionnement et d’une amélioration de leurs recettes. Stabilisées sur la période 2013-2019, les dépenses de fonctionnement des petites villes s'élèvent à 26,7 Md€ (budget principal) en 2019. Atteignant 1017 € par habitant en moyenne, elles n’ont progressé que de 0,3 % tandis que leurs recettes de fonctionnement ont augmenté de 0,4 % (1266 € par habitant en moyenne) malgré une baisse globale de DGF (- 0,6 %).
La strate 10 000-25 000 habitants plus fragile
L’épargne brute des petites villes s’élève à 4,9 Md€, soit une moyenne de 191 € par habitant. La reprise de l’épargne accompagne une forte hausse de l’investissement : + 14,3 % en moyenne pour l’ensemble des petites villes en 2019. Mais des disparités fortes s’observent : une petite ville sur quatre investit moins de 192 € par habitant, tandis qu’une sur quatre investit plus de 474 € par habitant. Ces montants moyens restent cependant inférieurs à ceux constatés à la fin du précédent mandat.
Un constat d’ensemble assez favorable ne saurait occulter la diversité des situations individuelles. La capacité à absorber le choc de la crise sanitaire et économique et à participer au plan de relance ne seront pas les mêmes pour toutes les petites villes, constate ainsi l’étude. Et d’ajouter : « Dans le contexte actuel, la question peut être posée de l’implication des petites villes dans la relance de l’investissement en début de mandat » Ainsi, les communes comprises entre 10 000 et 25 000 habitants, qui ont une épargne nette et la trésorerie en 2019 très en deçà des niveaux de celles du bas de la strate, pourraient être plus durablement affectées.
Un système de roulement entre les agents
L’étude de l’APVF apporte aussi un éclairage sur l’année 2020 et l’impact de la crise sanitaire (104 communes répondantes). Concernant les personnels, un système de roulement entre les agents a souvent été mis en place afin qu'ils soient 50 % en présentiel et 50 % en télétravail. Ces agents représentaient 46 % des agents. 18 % des agents étaient complètement en télétravail ; ils correspondaient aux services sans contact avec le public (comptabilité, ressources humaines, secrétariat, marchés publics, urbanisme, etc.). Enfin, 36 % des agents dont l'activité avait cessé, ont été placés en autorisation spéciale d'absence (service de restauration scolaire, guide de musée, etc.). Les agents en présentiel avaient pour mission les activités qui ne pouvaient pas être déplacées (état civil, police municipale, accueil téléphonique, urgences techniques ou sociales, service d'accueil pour le personnel prioritaire).
Autre enseignement : 53 % des communes ayant répondu à l’étude ont permis aux commerçants et restaurants d'étendre leur activité sur le domaine public sans contrepartie financière. Environ une commune sur deux a maintenu ouverts ses marchés alimentaires au moins une fois par semaine. 100% des communes ont commandé des masques tant pour leurs agents que pour la population. Seules deux communes indiquent qu'elles ont limité les masques pour le public aux séniors et aux familles modestes et, pour trois autres, la fourniture au personnel de la commune. Dans 60 % des cas, les communes se sont rapprochées des autres strates de collectivités (EPCI, département, région) pour effectuer des commandes groupées. 22 % des communes ont mis en place un service de dépistage du Covid-19 (majoritairement des communes de 5 000 à 10 000 habitants).
Mobilisation des communes
Lors du déconfinement, 92 % des communes ont aménagé leurs espaces accueillant du public en installant des parois en plexiglas, en matérialisant la distanciation (marquage au sol, fléchage de la circulation) et en mettant du gel hydroalcoolique à disposition. 80 % des communes ont maintenu les services aux familles (école, cantine, périscolaire) pour le personnel prioritaire pendant la période de confinement en accord avec l'Éducation nationale (sur le choix des écoles). Seules trois communes indiquent qu'elles ont mis en place des ateliers 2S2C (Sport-Santé-Culture-Citoyenneté) dès le début du déconfinement. En moyenne, les communes répondantes estiment à moins de 2 % le surcoût de la prise en charge des dépenses liées à la crise dans leurs dépenses de fonctionnement (de 1 à 8 %). En grande majorité, elles ne prévoient pas d'utiliser la possibilité de transférer une partie de leurs excédents de la section d'investissement en section de fonctionnement pour couvrir ces dépenses, ni d'étaler leurs charges exceptionnelles sur plusieurs exercices.
P.P.-S.
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