Covid-19 : la transition énergétique, levier du futur plan de relance ?

Philippe Pottiée-Sperry
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Dans le cadre de ses travaux sur l’impact de la crise actuelle sur le secteur de l’énergie, la commission des affaires économiques du Sénat a auditionné une cinquantaine d’acteurs depuis début avril (grands énergéticiens, fédérations professionnelles, représentants de la rénovation énergétique, des énergies renouvelables – EnR - et des biocarburants, Commission de régulation de l’énergie, Médiateur de l’Énergie…). Le 28 avril, elle a entendu Julien Blanchet, rapporteur général de la Convention citoyenne pour le climat.

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Selon les sénateurs, l’accompagnement de la rénovation énergétique, le soutien aux projets d’EnR ou la lutte contre la précarité énergétique constituent des « leviers mobilisables pour relancer l’activité économique tout en atteignant nos objectifs énergétiques et climatiques ».

Retard d’application de la loi Énergie-Climat

Ils s’inquiètent de « la difficile application de la loi Énergie-Climat ». Pour le sénateur Daniel Gremillet, « six mois après l’adoption de cette loi, dont j’étais le rapporteur pour notre commission, tout reste à faire : une ordonnance a été adoptée, une dizaine de mesures règlementaires prises, un rapport publié. La programmation pluriannuelle de l’énergie et la stratégie nationale bas carbone viennent tout juste d’entrer en vigueur. Il faudra attendre l’été pour que le gouvernement prenne l’ordonnance sur les centrales à charbon… davantage encore pour celle sur l’hydrogène. C’est trop peu et trop lent ».

Faiblesse des moyens budgétaires et fiscaux

Les sénateurs regrettent aussi la faiblesse des moyens budgétaires et fiscaux mis par le gouvernement en regard des objectifs énergétiques et climatiques, plaidant pour « leur revalorisation significative à l’occasion des prochains textes financiers ».

Le sénateur Roland Courteau juge « urgent de se pencher sur les difficultés rencontrées par nos énergéticiens en termes de trésorerie et d’investissement, de soutenir le secteur de la rénovation énergétique, en corrigeant les effets de bord de la dernière réforme du crédit d’impôt pour la transition énergétique et en améliorant les aides aux particuliers et aux entreprises, d’accompagner les ménages en situation de précarité énergétique, en revalorisant le chèque énergie ».

Demande d’une relocalisation des EnR

Enfin, les sénateurs estiment que la transition énergétique ne peut réussir sans indépendance énergétique. Le sénateur Daniel Dubois estime ainsi que « l’atteinte de la neutralité carbone d’ici à 2050 nécessite un soutien réaffirmé à la filière nucléaire, qui continuera de produire la moitié de notre mix en 2035 ». Il juge également nécessaire « une relocalisation des EnR : nous attendons beaucoup de l’application du critère du bilan carbone dans les futurs appels d’offres qui permettra aux industriels français et européens de lutter contre le dumping environnemental ».

P.P.-S.

Philippe Pottiée-Sperry
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