La mobilisation de la Drôme contre la désertification médicale

Philippe Pottiée-Sperry
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Mobilisation de la Drôme contre la désertification médicale

Frappé par la désertification médicale, avec une densité de 8,8 praticiens pour 10 000 habitants, le département de la Drôme multiplie les initiatives depuis déjà plusieurs années. Il vient aussi d’organiser des assises en présence de tous les acteurs concernés.

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Médecins généralistes, anciens internes, stagiaires, partenaires institutionnels (ARS, CPAM…), élus… Une centaine d’acteurs de la santé ont participé aux 3èmes Assises de la médecine de proximité organisées par le département de la Drôme, le 9 septembre, sur le thème « Coordination des acteurs et prise en charge des patients : en quoi la crise sanitaire a-t-elle modifié les pratiques ? ». Au programme : l’échange entre ces différents acteurs sur l’évolution des pratiques et la prise en charge assurée dans la Drôme. 

« Une situation préoccupante »
Une première table ronde s’est penchée sur les effets de la crise sanitaire concernant les pratiques médicales. La seconde séquence a traité du sujet du numérique en matière de santé, avec notamment une intervention d’IPM France sur l’expérimentation conduite avec le département autour des solutions de télémédecine à Romans-sur-Isère (borne et mallette mobile). 
« La Drôme est dans une situation préoccupante. Nous n’échappons pas à un phénomène de raréfaction du nombre de médecins et de temps médical avec actuellement une densité de 8,8 praticiens pour 10 000 habitants, inférieure à la moyenne régionale, des territoires ruraux et urbains sans offre de soins suffisante, un engorgement des cabinets et des urgences et un phénomène de renoncement aux soins », a indiqué Marie-Pierre Mouton, la présidente de la Drôme. 

Maintien et installation de généralistes
Bien que le département n’ait pas de compétences dans le domaine, il s'est saisi du sujet depuis déjà plusieurs années. Tout d’abord, il favorise le maintien et l’installation de médecins généralistes. Pour faciliter l’installation de nouveaux médecins, le département a mis en place une formation à la maîtrise de stage universitaire, en partenariat avec la faculté de médecine de Lyon. Cette formation permet aux médecins généralistes drômois d’accueillir des futurs médecins en stage pendant six mois. 
Depuis 2017, le nombre de médecins pouvant recevoir des stagiaires est passé de 50 à 100. Le département a accueilli environ 250 internes en stages semestriels. 

Mailler le territoire
Autre axe d’intervention : le maillage du territoire avec une offre de soins cohérente, notamment via le financement de structures collectives comme les maisons de santé. Près de 5M€ d’aides ont été accordés sur ce volet depuis 2017. 
Le troisième axe concerne l’innovation en matière de santé avec des expérimentations comme celle lancée autour de la télémédecine avec IPM France. 

Deux nouveaux dispositifs pour les internes
Le département a voté cet été la mise en place de deux nouveaux dispositifs à destination des internes. Les futurs médecins en stage auprès d’un généralise drômois peuvent désormais bénéficier d’une bourse de 500 €/mois si leur stage est situé dans une zone d’intervention prioritaire, une zone d’action complémentaire ou un territoire à densité médicale inférieure à dix médecins généralistes pour 10 000 habitants. 

Centre de santé départemental
Pour les nouvelles installations, les généralistes débutants peuvent bénéficier d’une aide de 5000 € pour l’achat d’équipement. Cette aide peut atteindre 10 000 € pour la pratique de la télémédecine. Pour compléter l’offre de soins, le département travaille également à la création d’un centre de santé départemental qui permettrait de salarier des médecins directement. 
« Ces nouveaux dispositifs sont des éléments de réponse à des besoins prioritaires recensés par les professionnels de santé et coconstruits avec eux », a souligné Marie-Pierre Mouton. Et d’ajouter : « La mobilisation de tous permet de compenser les départs en retraite avec un solde positif de 40 médecins depuis 2018, malgré une pyramide des âges qui tend vers un vieillissement des professionnels. A travers ces actions, le département affirme son rôle d’ensemblier de partenaire de proximité ». 

Philippe Pottiée-Sperry
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