La solidarité en actes

Philippe Pottiée-Sperry
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Tribune de Stéphane Hauguel, DRH de la communauté d'agglomération Paris Saclay.

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Instituée par la loi du 30 juin 2004, la journée de solidarité repose sur un lien de solidarité essentiellement budgétaire, à travers la contribution solidarité autonomie que les employeurs des secteurs public et privé versent à la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA) et qui a rapporté près de 31 Md€ en 15 ans. Ce montant, certes très conséquent et qui contribue sans nul doute au financement d’actions en faveur de l’autonomie des personnes âgées ou handicapées, prend la forme d’une charge patronale dont les agents ne ressentent pas les effets sur leur fiche de paie.

Un dispositif artificiel dans le public

Si les salariés du secteur privé contribuent, à travers la journée de solidarité, à financer cette contribution par une augmentation du produit de leur travail, ils ont toutefois fini par l’oublier au fil du temps. Et que dire des agents publics, dont l’activité professionnelle, pour l’écrasante majorité d’entre eux, ne dégage aucune recette susceptible de s’accroître par un jour de travail supplémentaire. A l’exception des agents travaillant au contact des personnes vulnérables, même s'ils sont nombreux, qu’y a-t-il de solidaire dans le fait pour un DRH ou un gestionnaire comptable d’exercer, une journée de plus, leur métier de DRH ou de gestionnaire comptable ? Où est le lien avec les personnes les plus vulnérables de nos territoires ? Force est de constater que, sur son volet fonctionnel, la mesure a clairement échoué à remplir l’objectif qu’elle s’était fixée.

Repli sur soi

Et pourtant, tout le monde s’accorde à dire que la solidarité nationale post-Covid ne peut se résumer à un élan uniquement financier. Au moment où un rapport de l’inspection générale des affaires sociales évoque l’idée d’une deuxième journée de solidarité, il est opportun, avant de répéter la même erreur, de se réinterroger sur le sens même de ces mots. Dans un contexte économique dégradé où la notion financière, certes essentielle, a tendance à s’inviter dans tous les débats, le repli sur soi semble une tendance plus forte que jamais. Une forme de « confinement » de l’intérieur que la crise sanitaire a sans doute amplifié…

Une journée mise à disposition

Pour faire de la journée de solidarité dans la fonction publique une action réellement solidaire, des solutions existent pourtant. Pourquoi ne pas permettre ainsi aux agents publics qui le souhaitent, en lieu et place de la journée de solidarité telle que nous la connaissons, d’être mis à disposition une journée par an d’une association du ressort territorial de la collectivité ou de l’établissement public qui les emploie ? Il s’agirait d’associations qui œuvrent en direction des personnes les plus vulnérables ou fragiles (personnes âgées, en situation de handicap, jeunes en recherche d’emploi etc…) ou qui remplissent une mission de service public en lien avec la transition écologique ou l’économie circulaire, l’égalité femme-homme ou encore la lutte contre la fracture numérique.

Nous donnerions ainsi davantage de sens à nos comportements individuels et collectifs. Comme la crise l’a illustré, c’est du côté de l’humain qu’il faut chercher le sens de notre devenir. Or, quel meilleur aiguilleur que l’accomplissement d’une responsabilité, quelle que soit sa nature, du moment qu’elle s’exerce pour le compte d’autrui.

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Philippe Pottiée-Sperry
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