Les élus locaux associés au plan massif de relance du tourisme

Philippe Pottiée-Sperry
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Très touché par la crise sanitaire, le secteur du tourisme pèse près de 8% du PIB et deux millions d'emplois. Les pertes de chiffre d’affaires sont déjà estimées pour le seul premier semestre à plus de 40 Md€, soit 60% de baisse par rapport au premier semestre 2019.

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L’hypothèse d’une baisse de 45% de l’activité sur l’année signifierait un manque à gagner pour l’économie de 75 Md€, soit 3% du PIB, alors que le tourisme avait généré un chiffre d’affaires de 168,7 Md€ en 2019.

Face à la gravité de la situation, le gouvernement a organisé, le 14 mai, un comité interministériel du tourisme avec l'annonce par le Premier ministre d'un plan d'aide important. Les collectivités locales sont invitées à l'accompagner, notamment par des allègements ou exonérations (taxe de séjour, CFE).

Financements Banque des Territoires et Bpifrance

Le plan de relance gouvernemental sera financé en grande partie par la Banque des Territoires et Bpifrance. Ceux-ci contribuent à hauteur de 3,6 Md€ en prêts, fonds propres et quasi-fonds propres, mais aussi en actions d’accompagnement afin que les entreprises du tourisme puissent rebondir. Bpifrance est le point d’entrée opérationnel des entreprises et la Banque des Territoires celui des collectivités locales, des foncières et des sociétés d’économie mixte. Ce plan a vocation à toucher près de 11 500 acteurs du tourisme. Pour simplifier l’accès aux différents dispositifs proposés, le guichet unique www.plan-tourisme.fr a été mis en place. Il renvoie également vers les sites des régions ayant créé un fonds résilience et des prêts Rebonds.

« Le plan ambitieux de 3,6 Md€ du groupe Caisse des Dépôts a été conçu dans le but d’aider les acteurs du tourisme à traverser la crise et à amorcer la reprise plus rapidement et plus solidement. Avec l’effet de levier attendu, il devrait permettre au final d’injecter 15 Md€ dans le secteur du tourisme », a affirmé Olivier Sichel, directeur général adjoint du groupe Caisse des Dépôts et directeur de la Banque des Territoires.

De plus, le fonds de solidarité est élargi jusqu'à fin 2020 et restera ouvert aux secteurs hôtellerie, restauration et tourisme, avec des aides pouvant aller jusqu'à 10 000 €. S'y ajoutent le renforcement des dispositifs de prêts, un accès au chômage partiel jusqu'en septembre, le doublement du plafond des tickets restaurant, une réouverture des cafés/restaurants "envisagée" le 2 juin dans les départements classés en zones vertes...

30 propositions du Sénat

De son côté, la commission des affaires économiques du Sénat a remis au secrétaire d’État Jean-Baptiste Lemoyne son propre plan qui contient trente propositions visant une relance du tourisme dès cet été. Suite aux annonces du Premier ministre, la commission « salue l’engagement du gouvernement » mais estime que « de nombreux points restent encore à éclaircir ».

Les sénateurs insistent sur le besoin d’intervention de l’État car « sans réaction de solidarité massive, ce sont des emplois, des compétences et des savoir faire par milliers que nous pourrions perdre ». Ils plaident aussi pour s’appuyer sur le « couple élus locaux-préfecture ». « Nous réitérons notre appel à s’appuyer sur les élus locaux, qui pourraient, en lien avec les services déconcentrés de l’État, décider des ouvertures d’établissements et de lieux publics lorsque ceux-ci démontrent des garanties suffisantes quant à la sécurité sanitaire, sur le modèle du dispositif actuellement en vigueur pour les marchés ouverts ».

Aide financière des collectivités

La commission sénatoriale préconise aussi que l’Etat accompagne financièrement les collectivités pour leur permettre de diminuer les prélèvements pesant sur les entreprises du tourisme. Et de suggérer d’accompagner les collectivités décidant de limiter les impôts directs locaux à payer par les acteurs économiques en compensant la diminution de recettes. Le gouvernement a déjà fait un premier pas en annonçant un dialogue avec les collectivités pour un report de la cotisation foncière des entreprises (CFE). Il souhaite permettre aux collectivités d’exonérer les professionnels de la taxe de séjour. Les sénateurs se disent « vigilants quant à la nécessaire compensation de ces gestes fiscaux consentis avec les recettes des collectivités ».

Par ailleurs, les sénateurs défendent un dispositif exceptionnel de soutien à la trésorerie des communes exposées à une chute brutale de leurs recettes.

Philippe Pottiée-Sperry

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