Les petites villes maintiennent le cap digital

Philippe Pottiée-Sperry
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2020 avait été marquée par l’arrivée du Covid-19 bouleversant totalement l’organisation et les projets des collectivités locales : pratique en masse du télétravail, mise en place de nouveaux outils digitaux, projets politiques tournés vers le numérique…
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Qu’en est-il près de deux ans après le début de la crise sanitaire ? Les communes ont-elles maintenu le cap digital ? Selon le baromètre du numérique 2021 (1), réalisé par l’éditeur de logiciels JVS-Mairistem auprès de 650 communes de moins de 10 000 habitants, il apparaît une évolution des usages, des attentes, des difficultés et des projets en matière de numérique. Il s’agit de la 8ème édition de ce baromètre.

Le grand retour du travail en présentiel

L’édition 2020 du baromètre montrait des changements radicaux dans l’organisation des collectivités avec notamment la pratique en masse du télétravail. Les confinements à répétition favorisaient la mise en place d’outils digitaux pour travailler à distance, en équipe et communiquer avec les habitants. Un an plus tard, le télétravail est de moins en moins pratiqué dans les communes. Alors qu’ils étaient 38% à maintenir ce mode de travail plusieurs mois après la fin du confinement de 2020, aujourd’hui seuls 15% des acteurs communaux continuent occasionnellement à travailler depuis chez eux. Mais avec de grosses différences selon les personnes concernées : agents (11%), responsables de services (22%), élus (40%). A noter également que 5,8/10 est la note moyenne de perception du télétravail par les acteurs communaux, soit un point de moins par rapport à 2020 (6,8/10).

Un accélérateur de réorganisation

Par ailleurs, la crise sanitaire se révèle comme accélérateur de réorganisation. 40% des acteurs communaux estiment qu’elle a eu conséquences positives comme négatives sur le fonctionnement global de la commune. Avec des différences importantes selon la taille de communes : 84% déclarent avoir été impactés dans les communes de 3500 à 10 000 habitants contre 53% dans celles de moins de 1000 habitants. Dans le détail des conséquences négatives, le retard dans les projets arrive loin en tête (60% des réponses), suivies de la difficulté d’échanges avec les collaborateurs (28%) et de conditions de travail inconfortables (22%). S’agissant des conséquences positives, il ressort en premier une nouvelle façon de communiquer avec les citoyens (48%), puis des nouveaux outils de travail plus adaptés (32%) et une meilleure productivité au travail (18%).

Par ailleurs, la crise a massivement accéléré l’acquisition de nouveaux outils : logiciels de gestion accessibles depuis internet (77% des réponses), parapheur et/ou signature électronique (75%), système de prise de contrôle du PC à distance (54%), outil de visioconférence (27%)…

Concernant leurs projets numériques en 2022, 45% des communes vont mettre en place de nouveaux services numériques pour les citoyens, 33% poursuivront la dématérialisation de la gestion administrative et 22% s’équiperont en nouveau matériel informatique.

Forte hausse des outils d’info numériques

Sans surprise, les moyens de communication numériques envers les citoyens connaissent une forte progression. Parmi les supports d’information utilisés, les panneaux d’affichages et les journaux communaux baissent alors qu’augmentent les sites internet (73% soit + 6 points), les réseaux sociaux (53%, + 22 points) et l’appli mobile de la ville (33%, + 27 points).

Aujourd’hui, les communes de plus 1000 habitants ont quasiment toutes un site internet alors que la proportion n’est que de 58% pour les plus petites (+ 3 points) même si ce retard se comble progressivement chaque année. Les services en ligne les plus proposés sur le site internet de la commune sont : un espace famille (23%), le paiement en ligne (22%), un signalement sur la voirie (21%), la prise de rendez-vous (17%), le portail citoyen des démarches administratives (15%).

Multiplication des cyberattaques

17% des communes de moins de 10 000 habitants déclarent avoir déjà subi une attaque informatique (chiffre surement plus important sachant que 17% ne savent pas). Ces situations de crise peuvent avoir un impact important sur leurs activités en les empêchant d’assurer leurs missions, et sur les données sensibles qu’elles détiennent, telles que les données d’état civil des habitants, les données bancaires des usagers, les données de santé des agents…

Dans ce contexte, pas moins de 54% des communes ne se sentent pas assez armées face aux cyberattaques, compte tenu d’un manque de connaissances, de compétences et d’outils. Chiffre surprenant : seulement 28% des mairies sont équipées d’un antivirus capable de bloquer les virus qui cryptent les données. Par ailleurs, 52% disposent d’une sauvegarde des données externes (Cloud), 44% ont une adresse mail professionnelle, 25% une identification et une gestion des accès aux postes informatiques, et 18% un réseau informatique sécurisé.

P.P.-S.

(1) Enquête réalisée en ligne du 14 septembre au 12 octobre 2021 auprès de 658 communes de moins de 10 000 habitants. Détail des répondants : secrétaires (60%), agents administratifs (17%), DGS (8%), responsables de services (7%), élus (9%).

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