Plans de résilience pour territoires durables, robustes et agiles

Philippe Pottiée-Sperry
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Dans un contexte de crise sanitaire, économique et sociale, plans de relance et plans de résilience se multiplient, dans l’objectif de remettre l’économie sur un sentier plus prévisible et plus rassurant.

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Les millions s’accumulent sur quelques cibles, identifiées comme des leviers de la relance économique : la santé conduit naturellement à intervenir sur l’alimentation, le logement, l’environnement. Il y a aussi le levier indirect du soutien à l’investissement public. Le plus souvent, l’action est partenariale, voire mutualisée. Ce sont les plans de relance qui orienteront l’activité de nos collectivités dans les prochains mois. Les nouvelles priorités bousculent les plans de mandat qui se restructurent selon l’impératif de la reprise et intègrent à présent les concepts d’« urbanisme favorable à la santé » ou d’« urbanisme tactique ». Les préoccupations endogènes des plans de continuité d’activité ont laissé place à la dynamique exogène des plans de relance : au repli sur soi et au réflexe de protection ont succédé l’extériorisation et la multiplication des partenariats.

Des priorités séquencées

La crise sanitaire a dans un premier temps donné lieu à un repli endogène des différents acteurs territoriaux, mis devant la responsabilité de protéger leurs collaborateurs. Organisation du télétravail et plans de continuité d’activité ont été les premières réponses au tocsin de la crise. Au fil des semaines, ces préoccupations endogènes ont laissé place à l’extériorisation. Il fallait certes poursuivre son activité et assurer le service en mode dégradé, mais également être en mesure de répondre à de nouveaux besoins nés d’une situation inédite. Les moyens ont massivement été mobilisés pour la production et l’achat de gel hydroalcoolique et de masques. L’objectif est devenu central et quasi-exclusif durant plusieurs semaines, jusqu’à ce que ce gel coule à flot, résultat concluant de cette mobilisation massive et ciblée.

Puis s’est ouvert le troisième acte : le repli endogène et l’extériorisation ciblée se sont effacés devant l’impératif de relance. Le suivi quotidien des décès du Covid-19 a été délaissé pour le suivi de la santé de notre économie et des entreprises en situation de fragilité. Les inquiétudes ont à la fois changé d’échelle et de nature. La santé de l’individu n’est plus tant un problème que la survie des acteurs économiques des territoires impactés par de longues semaines d’enfermement. Les collectivités territoriales, qui ont d’abord dû faire face à l’urgence de donner les moyens à leurs salariés de travailler à distance, à celle d’assurer la continuité des activités essentielles pour le territoire, ont rapidement remis au centre l’économie locale et l’impératif de redémarrage en sortie de crise.

Une réaction massive et urgente

La sortie de crise a ainsi vu fleurir les plans de relance à différentes échelles, autour de priorités souvent convergentes. Sur un même territoire, les plans de relance multiscalaires s’emboîtent les uns dans les autres, parfois imparfaitement. La concertation est minimale, car le contexte est peu propice à la participation des usages et au dialogue entre acteurs : l’urgence prévaut. La relance appelle à une réaction massive et urgente. Les millions d’euros que l’on ne trouvait pas hier prolifèrent aujourd’hui. Les engagements financiers sont lourds pour demain. Pour autant, on ne connaît pas la capacité du système à absorber et à recycler cette manne financière : la mobilisation des fonds est rapide ; leur consommation le sera certainement beaucoup moins. Notre système aux multiples rouages est à absorption lente. Redimensionné à la suite de plusieurs années de restrictions budgétaires, il n’est pas toujours en capacité d’assimiler rapidement les ressources, ni de répondre à l’injonction de la relance.

Des plans de relance multiscalaires aux axes convergents

A titre d’exemple, en Ile-de-France, c’est près de 2 Md€ nouvellement injectés dans l’économie. Le plan de relance de la Métropole du Grand Paris, adopté le 15 mai 2020, et doté de 120 M€ en 2020, précède celui de la Ville de Paris, adopté le 18 mai 2020, et doté de 200 M€, ainsi que celui de la région Île-de-France, doté de 1,3 Md€ et adopté le 11 juin 2020. Plusieurs départements de la région ont emprunté cette dynamique : les Yvelines, le 17 avril 2020 (27 M€), l’Essonne, le 18 mai 2020 (46 M€), les Hauts-de-Seine, le 12 juin 2020 (77 M€), et la Seine-et-Marne, le 19 juin 2020 (45 M€). Ces plans départementaux mobilisent des sommes moindres et investissent massivement le champ social, avec des aides d’urgence allouées aux populations les plus vulnérables.

L’ensemble des acteurs, EPCI et EPT y compris, participent au Fonds de Résilience Ile-de-France, action mutualisée emblématique, née au cœur de la crise. La convergence des intérêts a permis de réunir 100 M€ au profit des PME et TPE du territoire. Preuve concrète qu’au-delà des fragmentations institutionnelles, il est possible de réunir les ressources que l’on n’avait pas hier, et de travailler ensemble dans l’intérêt des territoires.

Par Nadège Baptista, DGA de la Métropole du Grand Paris

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