Quartiers prioritaires : le gouvernement satisfait de son bilan
Julien Denormandie, le ministre chargé de la Ville et du logement, a dressé un bilan des mesures en faveur des quartiers prioritaires de la politique de la ville lors du conseil des ministres du 26 février.
En novembre 2017, Emmanuel Macron avait lancé à Tourcoing un appel à la mobilisation nationale en faveur des habitants des quartiers qui représentent 5,4 millions d’habitants dans plus de 1500 quartiers prioritaires. Après une phase de co-construction, la feuille de route gouvernementale de juillet 2018 traduit en 40 mesures cette mobilisation. Deux ans et demi après son lancement, les actions produisent des effets concrets dans les territoires, selon le gouvernement. Et d’estimer que 85% des mesures de cinq programmes sont à ce jour mises en œuvre.
Tout d’abord, l’éducation, « la mère des batailles » selon Julien Denormandie. Il indique que depuis deux ans et demi, plus de 300 000 enfants des quartiers prioritaires ont bénéficié d’un dédoublement de leurs classes. Autre sujet : l’annonce de 80 cités éducatives (200 000 enfants concernés). Jean-Michel Blanquer et Julien Denormandie ont annoncé le 20 février les enveloppes par cité pour les trois prochaines années. Avec 100 M€ consacrés à cette priorité, les cités éducatives sont conçues pour le gouvernement comme « l’un des projets les plus ambitieux en matière de politique de la ville depuis le lancement des programmes de rénovation urbaine en 2003 et 2014 ».
20 000 emplois francs signés
Au chapitre de l’emploi, le ministre de la Ville rappelle que le taux de chômage est deux à trois fois plus important dans les quartiers par rapport au reste du territoire. Parmi les différents dispositifs mis en place, il cite notamment celui des emplois francs dont 20 000 contrats ont déjà été signés. Autres mesures : la publication d’un grand testing mi-février (10 000 tests sur les discriminations à l’embauche) ou la mise en œuvre du plan d’investissement dans les compétences, dont 2 Md€ sont consacrés aux quartiers. Il s’agit ainsi « d’assurer les mêmes droits et devoirs aux habitants des quartiers qu’au reste du territoire mais aussi de promouvoir l’excellence dans ces territoires avec la labellisation de 80 tiers-lieux ou encore le lancement d’un appel à projets pour développer l’agriculture urbaine ». Autre objectif affiché : renforcer la présence de l’État et soutenir les acteurs, en particulier les associations de proximité, avec un budget de l’État en faveur de la politique de la ville à un niveau « historique », estime Julien Denormandie, de près de 500 M€ par an en 2020.
47 quartiers de reconquête républicaine
En matière de logement, 9,7 Md€ ont été engagés depuis mai 2018 pour la rénovation urbaine, « repartie sur bons rails », selon Julien Denormandie. 381 projets représentent plus de 78 000 démolitions de logements, 100 000 réhabilitations ou 224 rénovations d’écoles. Au total, plus de 100 000 logements ont été rénovés, 60 000 sont en cours de rénovation et 60 000 autres sont en construction. Cette action sur le bâti s’accompagne du plan « initiative copropriétés » avec 3 Md€ mobilisés pour traiter 56 000 logements.
Sur la sécurité, la police de sécurité du quotidien se traduit par l’affectation dans 47 « quartiers de reconquête républicaine » de 864 policiers et gendarmes supplémentaires déjà déployés (sur un objectif de 1300). Leurs objectifs : une présence accrue sur le terrain, des moyens augmentés pour resserrer les liens entre les forces de l’ordre et la population, renforcer sa protection et lutter contre les trafics et la radicalisation.
Le modèle des cités éducatives
Dernier axe de la politique gouvernementale : le lien social et l’action entre les différents acteurs dont les collectivités et les associations. A ce sujet, il a cité la réunion organisée à l’Elysée, le 25 février, avec les réseaux associatifs dont les associations d’éducation populaire, évoquant notamment le programme « Tremplin Asso » (45 M€ sur trois ans).
L’ensemble de ces mesures repose, selon Julien Denormandie, sur « un travail étroit entre l’État, les collectivités et les associations ». Et de citer en particulier les cités éducatives qui vont « permettre de fédérer tous les acteurs et d’offrir aux enfants une éducation de qualité sur le temps scolaire, périscolaire et extrascolaire ».
Philippe Pottiée-Sperry