Quartiers populaires : le gouvernement joue gros à un an des municipales

, mis à jour le 13/06/2025 à 10h00
Image
Quartiers populaires : l'État sous pression à un an du scrutin

Le Comité interministériel des villes, réuni à Toulouse en mai 2025, marque une tentative du gouvernement de reprendre pied dans les quartiers prioritaires. Au programme : 18 mesures pour restaurer la promesse républicaine, notamment sur l’éducation, la santé, l’emploi et la sécurité. Reste à convaincre que cette feuille de route ne sera pas une nouvelle promesse sans lendemain.

Partager sur

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 5,4 millions de Français vivent dans un quartier prioritaire de la politique de la ville (QPV), souvent dans des conditions de vie dégradées, avec un taux de pauvreté trois fois supérieur à la moyenne nationale, un accès plus difficile aux soins, à l’emploi, à l’école ou à la sécurité. C’est pour répondre à cette réalité que le gouvernement a réuni à Toulouse, le 30 mai, une vingtaine de ministres dans le cadre du Comité interministériel des villes (CIV), premier du genre depuis 2021.
La ministre déléguée à la Ville, Sabrina Agresti-Roubache, le martèle : « il ne s’agit pas d’un plan de plus, mais d’un  changement de méthode  fondé sur l’efficacité, la territorialisation et la justice sociale ». Avec une nécessité  d’« agir vite, fort, et dans la durée ».

Le plan dévoilé repose sur six axes d’intervention :

•    la reconquête de l’égalité républicaine (services publics, France Services, médiation),
•    l’éducation et la parentalité (soutien aux mères isolées, lutte contre l’absentéisme),
•    la santé communautaire (intervention des ARS, médiateurs santé),
•    l’emploi et l’insertion (accompagnement des décrocheurs),
•    la sécurité et la tranquillité publique,
•    l’accès aux droits et à la citoyenneté.

Un fonds de 100 millions d’euros est mobilisé pour soutenir les collectivités et associations locales dans l’ouverture de nouveaux services publics. 100 nouvelles Maisons France Services seront déployées prioritairement dans les QPV d’ici 2027. La lutte contre la déscolarisation passe par des brigades de médiation scolaire, tandis que la santé communautaire devient un axe fort avec le soutien des Agences régionales de santé, des médiateurs et des infirmiers de prévention.

Entre volonté politique et scepticisme de terrain

Si le discours de l’exécutif se veut déterminé, les réactions des acteurs de terrain oscillent entre espoir prudent et scepticisme lucide. De nombreux élus locaux saluent un signal politique fort mais attendent des actes : « Les habitants ne croient plus aux grandes promesses, ils veulent voir les choses changer dans leur école, leur maison de santé, leur commissariat », confie un maire de quartier populaire à Marseille.
L’une des clefs sera le pilotage local. Le gouvernement s’engage à ce que les préfets coordonnent l’action des services déconcentrés aux côtés des élus, pour une mise en œuvre « au plus près des besoins ». La contractualisation avec les communes, renforcée, devra s’accompagner d’une transparence sur les résultats.
La ministre Agresti-Roubache promet aussi un changement de posture : « Faire avec les habitants, pas pour eux », dit-elle. Mais la crainte d’un énième plan centralisé reste vive chez les associations, qui demandent davantage de moyens humains, notamment pour les missions éducatives, sociales et de médiation. Car derrière les dispositifs, ce sont bien des femmes et des hommes qu’il faut mobiliser.
À un an des élections municipales, le CIV 2025 sonne comme un test de crédibilité pour l’exécutif dans les quartiers populaires, où l’abstention atteint souvent des sommets. La reconquête républicaine passe autant par les annonces que par la confiance retrouvée. La balle est désormais dans le camp de l’État.
 

Partager sur

Inscrivez-vous gratuitement à nos newsletters

S'inscrire