, mis à jour le 26/06/2025 à 18h37

« La revalorisation salariale a redonné de l’attractivité à notre branche »

Manuella Pinto
DG
Elisfa
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Hausse de 8 % en moyenne dans la branche du lien social et familial

Entré en vigueur en janvier 2024, le nouveau système de classification et de rémunération dans la branche du lien social et familial commence à produire ses effets. Hausse moyenne des salaires, meilleure attractivité, réduction des écarts femmes-hommes : les premiers enseignements de l’étude lancée en 2023 sont encourageants. Mais pour Manuella Pinto, DG d'Elisfa, le syndicat employeur de la branche, les fragilités demeurent. Rencontre. 

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Quels sont les principaux enseignements de cette étude ?

Cette étude a été lancée fin 2023, dans la foulée de l’entrée en vigueur de notre nouveau système de classification et de rémunération, le 1er janvier 2024. Elle a été menée par l’Observatoire de branche, ce qui garantit la validation des résultats par les partenaires sociaux. Son objectif était de mesurer l’impact de cette réforme sur les masses salariales. Nos premières estimations évoquaient une hausse moyenne de 8 % ; les données recueillies confirment cette tendance, avec un chiffre moyen de 8,3 % pour l’ensemble des salariés de la branche.

Quels métiers sont concernés par cette branche ?

La branche Elisfa regroupe les centres sociaux, les crèches associatives et les associations de développement social local : ressourceries, plannings familiaux, espaces de vie sociale, etc. C’est un champ très large, au cœur du lien social dans les territoires.

Cette hausse de 8 % est une moyenne. Y a-t-il des disparités selon les métiers ?

Oui, tout à fait. Par exemple, dans le domaine de l’accompagnement de la petite enfance et de la parentalité, l’augmentation atteint jusqu’à 13 %. Cette disparité reflète l’objectif initial de la réforme : revaloriser en priorité les bas salaires et les cœurs de métier, là où l’attractivité était la plus en tension.

Peut-on parler d’un effet concret sur l’attractivité des métiers ?

Oui. Avant 2024, plus de 60 % des salariés percevaient un salaire calculé sur la base de la rémunération minimale de branche, elle-même adossée au SMIC. Autrement dit, les grilles étaient très "écrasées" par le bas. Depuis janvier 2025, le premier niveau de rémunération conventionnelle est à 4,32 % au-dessus du SMIC. C’est une avancée significative, qui a permis de sortir de cette logique de rémunération minimale. Et les employeurs nous le disent : dans les réunions territoriales organisées en 2024, beaucoup ont observé une amélioration des recrutements, notamment dans les métiers en concurrence avec d’autres secteurs, comme la petite enfance.

Est-ce que cela signifie que le travail est terminé ?

Non, c’est un début. L’essentiel des efforts a été concentré sur les premiers niveaux de rémunération. Les métiers d’encadrement et de direction n’ont pas bénéficié du même niveau de revalorisation. Il faudra y travailler. Mais nous sommes satisfaits du socle que nous avons posé.

L’étude révèle également une réduction des écarts de salaire entre hommes et femmes. Pouvez-vous en dire plus ?
Oui, c’est un autre point important. Malgré une grille a priori objective, il existait des écarts, souvent liés à des critères comme la taille de la structure – or les grandes structures sont plus souvent dirigées par des hommes – ou à la valorisation différenciée des compétences RH (plutôt exercées par des femmes) et financières (plutôt par des hommes). En neutralisant ces biais, la nouvelle grille permet de réduire concrètement ces écarts.

Avez-vous déjà pu mesurer l’impact sur le terrain ?

Il est encore un peu tôt pour en tirer des conclusions statistiques. Cela dit, nous organisons régulièrement des enquêtes et réunions avec les structures adhérentes. Dès à présent, les retours de terrain sont très positifs, et nous prévoyons une nouvelle étude via l’Observatoire d’ici la fin de l’année pour objectiver cette amélioration de l’attractivité.

Quels sont les prochains défis pour Elisfa ?

La réforme salariale est un signal fort pour notre branche. Mais toutes les structures n’ont pas bénéficié du même soutien. Les EAJE (établissement d'accueil du jeune enfant ) relevant de la PSU (Prestation de Service Unique ont été aidés par le bonus attractivité mis en place par la CNAF, mais d’autres – comme les centres sociaux ou les associations de développement social local – restent fragilisés. Nous plaidons pour un soutien élargi à l’ensemble de la branche, afin d’assurer sa pérennité et sa mission d’intérêt général dans les territoires.

 

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